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Des patrons hors normes étaient réunis lors d'une conférence organisée le 12 avril à l'occasion de la Semaine de la presse magazine. Retour d'expériences.

«On fait tous le même métier : celui d'aimer les gens.» C'est ainsi que Pierre Bellanger, président-fondateur de Skyrock, définissait, lundi 12 avril, le dénominateur commun entre les invités de la conférence inaugurale de la Semaine de la presse magazine (12-16 avril), intitulée «Ceux qui cassent les codes».

En plus de l'homme de radio, le Syndicat de la presse magazine et d'information (SPMI) avait réuni les éditeurs Bernard Fixot, des Éditions XO, et Laurent Beccaria, fondateur des Arènes et cocréateur de la revue XXI, ainsi qu'Olivier Aizac, directeur délégué du site Leboncoin.fr et Jean-Christophe Thiery, président de Bolloré Média. Tous des iconoclastes, chacun à leur manière.

Laurent Beccaria raconte : «On nous a dit : il faut faire court ; nos articles peuvent faire jusqu'à trente feuillets. On nous a dit : il faut faire du people et du concernant ; nous faisons dans l'anonyme et le lointain. On nous a dit : il faut jouer sur la proximité ; nous sommes seulement présents dans 1 200 points de vente»… Résultat : XXI se vend à 45 000 exemplaires, alors que les objectifs de départ se situaient autour de 25 000. «Quand nous nous sommes lancés en 2001, tout le monde disait que la TNT ne marcherait jamais», se souvient Jean-Christophe Thiery, de Bolloré Média. «Ne rachetez pas la SFP, ça va être un Vietnam social, entendait-on aussi en 2007, lorsque nous avons racheté la société.» N'écoutez pas les dogmatiques, telle semble être la leçon.

Osons !

Avant de se placer à contre-courant, encore faut-il se pencher sur son cœur de métier,  souligne Pierre Bellanger, qui fait aujourd'hui plus d'audience sur ses Skyblogs que sur sa radio, et a inventé «la loi de l'avantage exclusif» : «La radio parlée avait perdu de sa primauté, tout comme le fil musical. Ce qui restait, au fond, c'est la présence sonore, la présence humaine, la libre expression de la jeune génération.»

Bernard Fixot (Éditions XO), quant à lui, avoue avoir lu son premier livre à treize ans et a choisi de se situer bien loin des diktats germano-pratins, avec des auteurs comme Guillaume Musso. «Je veux faire lire ceux qui ne lisent pas, et faire vendre les auteurs français à l'étranger», martèle-t-il. Résultat : sur cent cinquante livres parus en dix ans, cent trente-cinq figuraient dans les listes des best-sellers.

Osons !, comme le disait Jean-Pierre Elkabbach quand il présidait la télévision publique. Bolloré Média lancera prochainement son quotidien payant, tandis que Laurent Beccaria déclare : «Je suis persuadé que l'on peut créer un quotidien payant d'extrême qualité avec une cinquantaine de journalistes. Les journalistes ont plus de talent que leurs journaux.»

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