presse
Après une année 2008 florissante, les ventes des hebdomadaires du mercredi n'échappent pas à la crise générale de la presse.

Porteurs d'une «tradition française qui consiste à taper sur le pouvoir», selon l'expression de Stéphane Mazurier, auteur du livre Bête, méchant et hebdomadaire, une histoire de Charlie hebdo 1969-1982 (Editions Buchet-Chastel, 2009), le presque-centenaire Canard enchaîné, Charlie hebdo ou son récent concurrent Siné hebdo se partagent la mare chahuteuse de la presse satirique (sans compter le site Bakchich info, dont la version papier est pour l'heure suspendue). «Nous sommes un journal engagé, c'est pour cela qu'on nous achète», affirme Charb, directeur de la rédaction et dessinateur de Charlie hebdo. «Notre but n'est pas d'atteindre un maximum de lecteurs avec un ton plus consensuel, mais de toucher ceux qui nous ressemblent» explique-t-il. Les impertinents palmipèdes de la presse française font-ils toujours mouche ? Depuis l'arrivée de Siné hebdo fin 2008, les ventes des journaux satiriques se sont essoufflées, à l'image de l'ensemble de la presse écrite.

Lancé «sur un coup de colère» en septembre 2008 par le caricaturiste Siné après des accusations d'antisémitisme et son licenciement de Charlie hebdo,Siné hebdo avait réussi un démarrage en trombe en surfant sur la brouille publique entre «Bob» Siné et Philippe Val. La bisbille entre les deux journaux stimule le marché dans un premier temps. Mais après avoir atteint une vente moyenne de 55 000 exemplaires en kiosques au premier semestre 2009, Siné hebdo a vu ses ventes se stabiliser autour des «46 000 à 47 000 exemplaires en 2009» estime Catherine Sinet, sa rédactrice en chef. «On a senti les effets de la crise sur les ventes en kiosques» explique-t-elle.

Chez Charlie hebdo, le dessinateur Charb a pris les rênes du journal après le départ de son directeur Philippe Val pour diriger France Inter, à la fin juin 2009. «Nos ventes tournent autour de 50 000 exemplaires par semaine, dont 13 000 abonnés» précise Charb. «Au mois d'août 2008, nous vendions 8 000 exemplaires de plus» ajoute-il. Résultat, le journal doit faire des économies, mais n'est pas parvenu à équilibrer ses comptes en 2009. «Il nous manque 3 000 à 4 000 lecteurs réguliers» concède Charb.

Un marché pas extensible à l'infini

De son côté, Le Canard enchaîné a affiché une santé florissante en 2008. Ses ventes ont progressé de 7% sur l'année pour atteindre une diffusion totale payée de 536 874 exemplaires par semaine, rapporte le journal dans son édition du 16 septembre 2009. Dans la foulée, l'hebdomadaire a dégagé un bénéfice net de 7,875 millions d'euros, intégralement consacré à renforcer les fonds propre du journal. Mais début  2009, Le Canard enchaîné n'a pas fait exception dans le contexte, enregistrant un recul d'environ 10% de ses ventes.

Si la taille global du marché de la presse satirique a augmenté grâce à l'arrivée de Siné hebdo, il n'est pas extensible à l'infini. Le dernier venu, Bakchich, en a fait les frais. En septembre 2009, le site d'information satirique avait décidé de se lancer à l'assaut des kiosques le mercredi, au prix de 1,80 euro, en concurrence frontale avec ses trois confrères… Mais avec 12 000 lecteurs réguliers, l'alliance «informations, enquêtes et mauvais esprit» ne parvient à s'installer dans la vieille presse. «L'originalité de Bakchich info était justement d'être un site Internet» tranche Stéphane Mazurier. En redressement judiciaire depuis novembre 2009, Bakchich info ne jette pas l'éponge et prévoit de ressortir en version papier le 13 mars 2010, grâce à une recapitalisation prévue courant février 2010. «Nous avons choisi de vendre le journal le samedi, de fixer son prix à un euro seulement, de renforcer la rédaction et d'élargir la palette de nos chers dessinateurs» peut-on lire sur le site.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.