Portrait
L’ex-acolyte d’Édouard Baer, Ariel Wizman, met ses trois décennies d’expérience de journaliste-animateur-producteur-auteur-DJ aux services de la créativité du média tendance.

Vice ? Ariel Wizman se dit « fan de la première heure » de ce groupe canadien qui s’est développé sur le net et la télévision de nombreux pays, à partir d’un magazine gratuit pour jeunes urbains. Car, pour celui qui vient de prendre la direction du contenu créatif de la filiale française de Vice, parallèlement à sa nouvelle activité de chroniqueur sur Europe 1 aux côtés de Daphné Bürki, ce média multi-supports « a quelque chose de révolutionnaire, d’un peu trash, d’impertinent sans être gratuitement provocateur, en immersion sans être narcissique… » Bref, chez Vice, ce touche-à-tout qui a tâté des médias, mais également du cinéma, du théâtre, de la musique… pense  poursuivre ce qu’il faisait déjà à Actuel et à Nova, à Canal+ et dans des documentaires pour la chaîne payante ou le service public. À savoir « du journalisme engagé par des journalistes dégagés. D’autant que le besoin de liberté est particulièrement fort en ce moment, où le format est de plus en plus limité en TV, la parole de plus en plus tenue dans des médias tombés aux mains d’oligarches », analyse celui qui a fait ses classes auprès de Jean-François Bizot, le fondateur de Nova Presse, disparu il y a tout juste dix ans. Sont ainsi d’ores et déjà programmées deux productions symptomatiques de cet état d’esprit, Secret France qui ira dans des endroits où les médias vont rarement voire jamais, par exemple les bars à chichas ; et Swag, pêche et tradition qui prévoit de plonger des rappeurs dans le terroir hexagonal.

Dandy

« Dès son arrivée il y a plus de 25 ans à Actuel, se remémore Bernard Zekri, dirigeant de Radio Nova, Ariel m’a bluffé par des centres d'intérêt très nouveaux – les technologies, internet, Marcos, le hip-hop… - et différents de ceux des journalistes, et déjà par sa faculté à faire des sujets sérieux sans se prendre au sérieux, avec la fantaisie qui le caractérise ». Le patron de radio « voit en cet ancien élève d’Emmanuel Levinas [à l’École normale israélite orientale] un Jean-François Bizot moderne, avec une grande curiosité et un sens de la fête. C’est un dandy ».

Sauf que le dandy doit maintenant tenir un rôle de cadre, de passeur auprès de jeunes générations de journalistes. Pour Ariel Wizman, qui ne s’interdit pas non plus de réaliser lui-même des productions, il s’agit de « donner à ces jeunes les moyens de réaliser leurs envies et surtout de traduire leurs aspirations parfois désordonnées. » « Il est ouvert, synthétique, avec une capacité à parler aux gens et donc à transmettre », estime Bernard Zekri, qui voit un choix judicieux de la part de Vice, « en déficit de culture française ». De la french touch dans le vice ?

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