Audiovisuel
Les sénateurs lancent plusieurs propositions pour faire avancer le dossier de la chronologie des médias. Ils souhaitent que les acteurs concernés s’en emparent d’ici fin 2017, sinon, ils légiféreront, notamment pour ouvrir le secteur du cinéma à la publicité télé.

«Non, ce n’est pas une menace». Jean-Pierre Leleux, sénateur LR et rapporteur des crédits «audiovisuels» de la Chambre, prévient quand même les acteurs du secteur de l’audiovisuel qui n’arrivent pas à s’entendre sur la question de la chronologie des médias. Il s'agit de fixer au mieux, et en préservant les intérêts économiques de chaque acteur, les temps d'exploitation commerciale des films après leur sortie en salle, depuis la vente sur les plateformes de vidéo à la demande à la diffusion sur une chaîne en clair.

«Cette filière est particulièrement menacée et nous pensons que nos propositions peuvent débloquer la situation, indique l’élu. Notre rôle est de peser sur des négociations qui n’avancent pas». Et si le secteur ne se met pas d’accord d’ici fin 2017, c’est le législateur qui prendra la main début 2018, notamment dans le cadre de la transposition de la directive européenne dite des Services de médias audiovisuels (SMA).

Le Sénat, par la voix de Catherine Morin-Desailly, Présidente de la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication, avance donc une liste de propositions dont le but est «de provoquer le débat». «Il y a urgence à adapter la réglementation car le problème Netflix lors du festival de Cannes [où la plateforme de vidéo à la demande a bénéficié de deux films dans la sélection officielle mais qui ne sortaient pas en salle] a ému la profession», explique la sénatrice centriste de Seine-Maritime. Du coup, le Sénat a rassemblé tous les acteurs français le 12 juillet dernier.

Le cinéma autorisé à communiquer à la télé.

Concernant la chronologie des médias, les sénateurs sont favorables au raccourcissement des fenêtres d’exploitation. Ainsi, les sites de vidéo à la demande pourraient présenter un film cinéma trois mois après sa sortie en salle, contre quatre aujourd’hui. Ils seraient aussi autoriser à continuer à le proposer à la vente même pendant la «fenêtre» réservée à la télévision. En contrepartie, les chaînes payantes pourraient diffuser un film six mois après sa sortie, contre dix actuellement. Des mesures sensées réduire les risques liés au piratage.

Les chaînes gratuites, elles, auraient droit à la diffusion de films de cinéma les «jours interdits», c’est-à-dire le mercredi et le samedi soir, procéder à des multidiffusions, mais aussi profiter d’une 3e coupure publicitaire pour les œuvres de plus de 1 heure 45, et, enfin, voir le secteur du cinéma autorisé à faire de la publicité à la tv, ce qui est interdit aujourd’hui. Et puis, le Sénat propose de «mutualiser» les obligations de financement dans le cinéma à hauteur des groupes, et non plus des chaînes.

«Ce doit être une réforme globale, insiste Catherine Morin-Desailly. De même, pour les plateformes de vidéo à la demande, on peut aussi envisager des fenêtres plus favorables pour les acteurs vertueux». Une message évidemment destiné aux Netflix et Amazon «que l’on aimerait bien rencontrer», conclu la Sénatrice.

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