Journalisme

Le journaliste Samuel Forey a remporté mardi le Prix Albert-Londres 2017 pour ses reportages publiés dans Le Figaro sur la bataille de Mossoul en Irak, où il a été légèrement blessé dans une explosion qui a tué ses confrères Véronique Robert, Stephan Villeneuve et Bakhtiyar Haddad. La cérémonie de remise de la plus prestigieuse récompense du journalisme francophone était dédiée à ses trois confrères mortellement touchés par une mine à Mossoul il y a 15 jours. Le jury a salué en Samuel Forey «un courage et un sens du terrain évidents, une justesse de regard et une écriture d'une vivacité, d'une tendresse et d'un humanisme qui le classent à l'évidence dans la lignée d'Albert Londres».

«Des histoires, des images, des dialogues... Du journalisme de guerre à hauteur d'hommes, attentif aux gestes et aux regards, aux guerriers et aux civils, aux armes des djihadistes comme aux roses d'un jardin de la vieille ville», souligne le jury, composé d'anciens lauréats. Le duo Tristan Waleckx et Matthieu Rénier a reçu de son côté le prix audiovisuel pour un portrait de Vincent Bolloré diffusé sur France 2. Nouveauté cette année, le 1er Prix du livre a été attribué à David Thomson pour son ouvrage «Les Revenants» (Editions Les Jours/ le Seuil), une enquête remarquée sur les jeunes jihadistes français qui rentrent de Syrie ou d'Irak.

Persévérance et audace 

Journaliste pour RFI et le site Les Jours, David Thomson a publié fin 2016 son enquête qui s'est écoulé à environ 40.000 exemplaires et avait d'abord été publiée sur Les Jours. «Cette récompense vient renforcer la conviction qui nous a conduits à créer notre média : la nécessité, aujourd'hui plus que jamais dans un paysage médiatique d'info low-cost et éphémère, de produire et de publier du journalisme au long cours», a réagi l'équipe de ce site fondé par des anciens de Libération.

Le jury a salué cet «éclaireur, qui, durant cinq ans, a fait preuve de courage, de persévérance, d'audace et d'une formidable intégrité», «toujours à bonne distance de ses sources, dans un univers difficile et dangereux». Enfin, les journalistes Tristan Waleckx et Matthieu Rénier, respectivement 33 et 34 ans, ont reçu le 33e prix de la catégorie audiovisuel pour leur portrait de l'homme d'affaires Vincent Bolloré diffusé dans Complément d'Enquête sur France 2 («Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien ?», avril 2016). Le jury «a apprécié la rigueur de ce travail qui illustre l'indépendance et l'audace de la télévision de service public en matière d'investigation» sur «un sujet plus périlleux et plus difficile qu'il n'y paraît».

Le patron du groupe Canal+ avait assigné France 2 l'été dernier devant le tribunal de commerce de Paris après la rediffusion de ce reportage qu'il accuse de porter atteinte à ses intérêts commerciaux. Il a également porté plainte pour diffamation en France et au Cameroun. Créé en 1933 en hommage au Français Albert Londres (1884-1932), père du grand reportage moderne, le prix récompense chaque année le meilleur reporter de presse écrite, et, depuis 1985, le meilleur reporter audiovisuel, de moins de 40 ans. Les lauréats reçoivent chacun 3.000 euros.

Cette année, le jury, présidé par Annick Cojean, était composé de Lise Blanchet, Hervé Brusini, Thierry Desjardins, Jean-Claude Guillebaud, François Hauter, Christian Hoche, Catherine Jentile, Marc Kravetz, Jean-Xavier de Lestrade, Manon Loizeau, Alain Louyot, Jean-Paul Mari, Michel Moutot, Philippe Rochot, Patrick de Saint-Exupéry, Henri de Turenne, Olivier Weber, ainsi que des lauréats 2015, Luc Mathieu, Cécile Allegra, Delphine Deloget et de ceux de 2016, Claire Meynial, Sophie Nivelle-Cardinale et Etienne Huver. 

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