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Marquée par sa double nationalité, Anne-Marie Gaultier possède une forte capacité d’adaptation, liée à un parcours tout-terrain. Passionnée par la data qui transforme les entreprises, elle est aujourd'hui présidente de la start-up Datakalab.

Sa carrière palpitante entre agences et annonceurs, Anne-Marie Gaultier la doit avant tout à une vocation découverte… à 12 ans. «J’étais déjà fascinée par la publicité, se souvient-elle. J’appréciais le caractère créatif, mais aussi et surtout le côté psychologique, la stratégie et même l’aspect business.» Dès lors, la jeune femme, née à Paris d’un père français et d’une mère américaine, suit une trajectoire toute cohérente vers «le plus joli métier du monde». Juste après le bac, elle file aux Etats-Unis pour suivre un Bachelor of Science in Marketing à l'université de Ball. En 1984, c’est au sein de l’agence BBDO qu’Anne-Marie Gaultier fait ses premiers pas. Très vite repérée, elle rejoint le siège de Leo Burnett à Chicago, «la Mecque absolue de la publicité»… Mais après sept années à l’étranger, la chef de pub senior est incitée à rentrer au pays: «Pour faire plaisir à mon père, j’ai consenti à passer un entretien en France. Pas de chance, j’ai décroché le job, chez Lintas», raconte cette femme souriante et enthousiaste, d'un français qui se teinte parfois d’un léger accent américain.

Les belles expériences s’enchaînent: trois ans chez Young & Rubicam, une année chez BDDP, cinq ans chez Saatchi & Saatchi…

Fil rouge

En 2001, elle passe côté annonceur. Sa spécialité? La transformation. «C’est le fil rouge de toute ma carrière: repositionner les marques, mais aussi les équipes en interne, à travers la data et la connaissance client». Chez Club Med, elle découvre les joies de l’e-commerce, encore à ses balbutiements. Débauchée seulement deux ans plus tard par Bouygues Telecom, elle plonge dans le bain de la technologie, puis rejoint les Galeries Lafayette qui s'orientent vers un marketing «client centric».

En 2014, Anne-Marie Gaultier quitte la France pour Londres et devient vice-présidente marketing et communication monde de Bally pour relancer entièrement cette marque de prêt-à-porter: packaging, logo, réseaux sociaux… Mais la vie loin de Paris et de sa famille la pousse à rentrer en France, sans promesse d’embauche cette fois. A 55 ans, cette chevronnée du marketing multiplie les entretiens avec des chasseurs de tête. «Ce qui m’a frappée, c’est la façon dont l’industrie est obnubilée par les digital natives. Un jeunisme hallucinant. Mais pour faire de la transformation digitale, il faut connaître le “core business” [métier principal] et le fonctionnement des enseignes physiques», estime-t-elle.

L'interprétation

Fin 2016, Anne-Marie Gaultier est nommée présidente de Datakalab, la start-up du publicitaire Frank Tapiro (Hémisphère droit). Et le positionnement de ce laboratoire de conseil en neuromarketing fait sens avec ses expériences et ses compétences. Datakalab croise des datas émotionnelles (écart pupillaire, rythme cardiaque, pression sanguine…) avec d’autres données (transactionnelles, réseaux sociaux, etc.). La vraie différence réside dans l’interprétation: le datatelling, qui permet de convertir toute cette matière grise en stratégie de transformation pour les marques. «Après avoir été “intrapreneuse” pendant plus de quinze ans, je suis enfin devenue entrepreneuse», se réjouit-elle.

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