Dossier Communication
Fini le journal télévisé du soir à l'heure de Facebook Live? Au contraire, en situation de crise ou pour s'adresser au plus grand nombre, il reste un passage obligé.

Au lendemain des premières révélations du Canard enchaîné sur l’emploi présumé fictif de son épouse à l’Assemblée nationale, François Fillon contre-attaque. Conseillé par Anne Méaux d’Image 7, il décide, pour réagir à la bombe lancée par le Palmipède, de venir sur le plateau du journal télévisé de 20 heures de TF1 le jeudi 26 janvier. Résultat: 6,9 millions de téléspectateurs et 28% de part d'audience. Soit le meilleur score de la saison en semaine pour le JT de la Une. Le dimanche 5 mars, après la manifestation de soutien de son camp au Trocadéro, c'est près de 7,2 millions de téléspectateurs qui suivent cette fois François Fillon sur France 2, soit une part d'audience de 27,7%, la meilleure pour la chaîne depuis 2014.

Le candidat des Républicains n’est pas le seul à jouer cette carte-là. Après la présentation de son programme, Emmanuel Macron a frôlé les 7 millions de téléspectateurs sur TF1 le 12 mars (27,6% de l'audience) et les 5,6 millions sur France 2 (22,1%) le dimanche suivant, 19 mars.

Bref, le journal télé de papa serait toujours le meilleur moyen de s’adresser au plus grand nombre pour désamorcer une situation de crise ou pour amplifier une séquence de communication. A l'heure où l’on ne jure que par You Tube, Facebook, Snapchat et consorts, le JT de 20 heures demeure un passage obligé et, surtout, le lieu où les grandes annonces, les grandes crises et les grands événements se produisent.

«Toucher du monde en peu de temps»

«Le journal de 20 heures reste un incontournable, confirme Vincent Dujardin, directeur général d’Alquier Communication, spécialiste de la communication de crise. Avec 7 millions de téléspectateurs, il permet d'atteindre une cible très large, plus rurale, et moins informée. Il est encore le meilleur moyen pour toucher beaucoup de monde en peu de temps.» De fait, les reprises médias suite à un JT sont conséquentes et assure une large occupation de l’espace public. Avec toutefois quelques réserves. «Un JT de 20 heures ultra-scénarisé, où l’on sent le manque de sincérité, est un boomerang puissant», note ainsi Aurore Gorius, journaliste au site Les Jours pour la présidentielle, faisant allusion aux moments de contritions de Dominique Strauss-Khan devant Claire Chazal. Autre bémol au pouvoir du journal télévisé: «Avec la multiplication des médias et des réseaux sociaux, il est incontournable mais plus nécessairement suffisant, et l’exigence de vérité y est encore plus forte que par le passé», analyse Vincent Dujardin.

Comme si, finalement, le foisonnement médiatique avait rendu le JT encore plus indispensable, mais aussi l'exercice plus difficile qu’auparavant, notamment en situation de crise.

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