Audiovisuel
Les représentants des cinq principaux candidats ont présenté le 2 mars à l’Udecam leurs mesures phares en matière de médias. Bilan critique.

Invité des Rencontres de l'Udecam le 2 mars, Benoît Hamon l'a reconnu: il n'a pas la télé. Cela ne l'empêche pas d'avoir une vision très claire de ce que doit être l'audiovisuel public, la redevance ou l'actionnariat des médias privés. Passage en revue de l’impact des principales mesures préconisées par les candidats.

 

L'audiovisuel public.

Si, comme François Fillon, Benoît Hamon veut revoir en fonction de la « propriété des terminaux » l'assiette de la redevance - ce qui le conduirait à verser son écot - il n'estime pas nécessaire de revenir sur l'autorisation de la pub sur France Télévisions avant 20 h. Son idéal va bien à « un service public détaché des ressources publicitaires » mais il préfère se concentrer d'abord sur « la qualité et l'indépendance » des groupes audiovisuels dont il souhaite la nomination des présidents par le conseil d'administration. En présentant le même jour son programme, Emmanuel Macron entend aussi protéger l'indépendance des médias d'information et assurer le même mode de désignation des patrons de l'audiovisuel public, lequel doit incarner, rappelle-t-il, une « exigence éditoriale d'impartialité ». Il faut aussi, selon lui, « concentrer les moyens sur des chaînes moins nombreuses mais pleinement dédiées à leur mission de service public » et favoriser « le rapprochement des sociétés audiovisuelles publiques », tout en simplifiant « la réglementation en matière de publicité ». Même visée réformatrice chez François Fillon qui veut « simplifier l'offre de service public » en revoyant la manière de toucher les publics: « Le hertzien n'est pas la réponse unique. »

 

Les Gafa.

Tous les candidats se retrouvent dans l’idée qu’il faut soumettre les Gafa à l’impôt et aux obligations du secteur audiovisuel. Mais là où Mikaël Sala pour le FN invoque une « culture du deal » pour améliorer la situation, les autres formations politiques misent surtout sur l’échelon européen et une politique numérique au niveau des 27.

 

La propriété des médias.

Pour Alexis Corbière, du Front de gauche, « les médias sont sous le contrôle d’une oligarchie » sachant que neuf personnes représentent 80 % des médias. Il veut réformer les aides à la presse et inscrire dans la Constitution leur indépendance. Benoît Hamon veut, lui, une « loi antitrust » limitant à 40 % la part de capital d’un groupe dans un média et à 20 % dans deux médias. Si les groupes Vivendi et Le Monde n’ont pas d’actionnaires au-delà de cette limite, Altice, Dassault, LVMH, Bouygues et Lagardère sont visés, au moins, dans leur développement futur. Pour ces propriétaires, le FN exige une limite  « à 30 % du CA la part dépendante de la commande publique ». Macron, en revanche, y voit « une réponse aux difficultés de la presse ». Comme Hamon, il demande un nouveau statut des entreprises de presse.  Conclusion de Jean-Marie Charon, sociologue des médias au CNRS : « C’est un peu le combat d’hier et pas trop le combat de demain. » L’aide à l’investissement dans le numérique pour les médias est encore trop souvent laissée à Google et sa  « Digital News Initiative ». 

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