Presse en ligne
Après Condé Nast, les groupes Marie Claire et Lagardère Active font un pas supplémentaire dans l’e-commerce en se dotant d’une place de marché. Une stratégie, non sans risque, qui vise à mieux monétiser leurs audiences numériques.

Vendre des sacs ou des chaussures aux internautes qui sont en train de lire un article sur les accessoires qui feront la mode l’été prochain, c’est le nouveau dada des éditeurs de presse en ligne, qui entendent profiter de la notoriété de leurs titres et des millions de visiteurs uniques qu’ils rassemblent sur leurs sites pour pousser les produits de marchands partenaires, sur lesquels ils prélèvent une commission. A la rentrée 2016, le groupe Condé Nast a ainsi lancé la plateforme de shopping Style.com. De son côté, Lagardère Active vient d’annoncer l’acquisition de la marketplace Shopcade tandis que le Groupe Marie Claire (GMC) mettra en ligne sa place de marché Sotrendoo.com fin mars.

«Etendre la fonction prescriptrice de média»

«Le modèle des marketplaces permet de monétiser de l’audience de manière très efficace car le stockage et la logistique sont gérés par les vendeurs, explique Philippe Corrot, cofondateur et CEO de la plateforme technologique Mirakl. L’engouement pour ces nouveaux modèles ne concerne pas seulement les éditeurs de presse, mais les médias ont l’avantage d’avoir déjà l’audience chez eux.»

Pas moins de 50 000 produits de mode, beauté, décoration, cuisine, du «do it yourself» et de la puériculture seront ainsi proposés sur Sotrendoo. Les plus pertinents seront mis en avant en marge des articles publiés sur les sites du groupe (Marie Claire, Cosmopolitan, Magicmaman…). Une rubrique spécifique sera également consacrée à Sotrendoo sur chacun des sites, tandis qu’une application mobile fera le lien, dans un second temps, entre les magazines papier et la plateforme shopping.

«Nous voulons étendre notre fonction prescriptrice de média et la transformer en acte d’achat, souligne Thierry Lamarre, directeur de la diversification de GMC. Jusque-là, nos sites proposaient de l’affiliation, c’est un modèle aujourd’hui dépassé. Une marketplace permet de monétiser nos audiences autrement que par la publicité.»

Une expérience malheureuse à L'Equipe

Partant du même constat, Lagardère Active a fait le choix d’une acquisition en rachetant la start-up britannique Shopcade, qu’il déploiera en France dans les prochaines semaines autour de ses magazines Elle et Public. «En plus de générer des revenus supplémentaires, complémentaires à la publicité, cette acquisition a un intérêt en termes de data en nous permettant d’enrichir notre connaissance client», note Corinne Denis, directrice du numérique et du développement des revenus du groupe.

«Les médias ont une faiblesse: le commerce est un métier. Il leur faut raisonner en tant que commerçant, en termes d’offre et de concurrence», insiste Philippe Corrot. Le quotidien L’Equipe en sait quelque chose: neuf mois à peine après le lancement de L’Equipe Store, la marketplace spécialisée dans les articles de sport a fermé ses portes, faute de revenus suffisants. «C’est compliqué d’aller sur ce terrain-là, c’est trop loin de notre métier de base», a estimé le patron de L’Equipe, Cyril Linette, devant l’Association des journalistes médias fin février. N’est pas Amazon qui veut.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.