Télévision
La réalité virtuelle et la vision à 360 degrés permettent une nouvelle écriture journalistique. Mais la technique est limitée par sa complexité.

Fallujah, Irak, printemps 2016. Cachés sur la terrasse d’un immeuble, un militaire des forces irakiennes tire sur les combattants de Daesh qui tiennent la cité. Derrière lui, se tiennent d’autres hommes armés et une parabole assurant les communications. À côté du tireur, assis en tailleur et protégé par le muret du balcon, nous découvrons un photoreporter. Casqué et équipé d’un gilet pare-balles flanqué du mot « PRESS », il photographie le militaire.

Rien ne peut échapper au spectateur dans ce reportage du New York Times filmé avec une caméra à 360 degrés. Sur Youtube, le point de vue de la scène peut être choisi en temps réel, en utilisant la souris de l’ordinateur. Mieux, équipé d’un casque de réalité virtuelle, il suffit de tourner la tête pour se retrouver au milieu du conflit.

Le journalisme s’empare de la réalité virtuelle. France Télévisions vient tout juste de lancer un stage de formation de deux jours pour maitriser cette nouvelle technique et écriture à destination des JRI (Journalistes reporters d’images). « Un reportage à 360 degrés permet d’aller plus loin sur la manière d’informer le public, estime Nathalie Duboz, grand reporter au département Medialab de l’information à France Télévisions. Le spectateur permet de vivre ce que vit le journaliste. Il ressent aussi à travers ses sens

 

Au coeur de l'info

La réalité virtuelle offre au grand public une immersion dans des lieux où il ne peut théoriquement pas accéder, telle une zone de combats. Placé au centre, le spectateur collecte des informations qu’une simple prise de vue ne peut apporter, comme voir ce qui se passe à l’arrière d’une scène, ou simplement suivre les réactions du journaliste en situation. La technique apporte une transparence face à un public toujours plus méfiant face aux médias traditionnels. Côté matériel, les coûts baissent. GoPro propose une valisette clé en main intégrant un jeu de six caméras pour moins de 6 000 euros. 

« Cette nouvelle écriture devrait attirer des populations qui ne s’intéressent plus à l’actualité pour diverses raisons », assure Nathalie Duboz. Attention toutefois au trop spectaculaire. Au FIPA, à Biarritz, Jenna Pirog, éditrice Virtual Reality au New York Times Magazine précisait : « Il ne faut pas que la technique nuise à l’intégrité de l’histoire. »

Ainsi, l’immersion simple n’a pas de sens. «Ce n’est que de la contemplation, or il faut toujours guider le spectateur, en suivant, par exemple, un personnage dans la scène filmée, indique Nathalie Duboz. La réalité virtuelle n’enlève en rien le travail d’écriture du journaliste : il continue à choisir les lieux, les situations à filmer et à raconter l’histoire». Et là, comme à Fallujah, il n’y a rien de virtuel.

The Voice version VR

Le programme phare de TF1, The Voice, passe aussi à la réalité virtuelle. Dès les épreuves de sélection, qui débutent le 18 février, les téléspectateurs pourront, en même temps qu’ils le découvrent en direct sur leur téléviseur, retrouver les performances des candidats du télé-crochet via un masque de réalité augmentée. Shine, le producteur, qui a souhaité une application interactive, a intégré un système permettant au téléspectateur de se mettre dans la peau d’un juré : ainsi, il peut appuyer sur sa borne rouge et découvrir le vrai visage du chanteur.

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