Audiovisuel
L'e-cinéma, label créé de facto par TF1 et Wild Bunch en France, commence à s’imposer. Les plans marketing doivent légitimer ce nouveau mode de distribution des films.

Green Inferno, par le maître de l’horreur Eli Roth, attendu le 16 octobre sur Filmo TV (Wild Bunch), Code Momentum avec Olga Kurylenko et Morgan Freeman, le 13 novembre sur My TF1 VOD... Ce sont souvent des «blockbusters», avec des stars américaines. Pourtant, ils ne sortent pas au cinéma, mais directement sur internet, dans le salon des téléspectateurs. Ou sur leurs tablettes ou ordinateurs, via les services de vidéo à la demande (Pluzz VAD de France TV, Orange...)

Nom de code: «e-cinéma». Ce nouveau mode de distribution, importé des Etats-Unis, consiste à zapper la case des sorties en salles de cinéma «pour sortir des films directement sur des plateformes de vidéo à la demande durant 45 jours. Il sont ensuite retirés durant un mois, puis proposés en vidéo à la demande et DVD», précise Gilles Pezet, de chez NPA Conseil.

En France, Wild Side (Wild Bunch), gère depuis ce printemps les sorties e-cinéma. Le distributeur s’était fait remarquer en testant le e-cinéma avec la sortie fracassante de Welcome to New York d’Abel Ferrara, en mai 2014, qui comptait 200 000 visionnages. TF1 Vidéo, elle, a lancé son offre e-cinéma en mai dernier. Elle cite pour le premier semestre «autour de 250 000 visionnages e-cinéma». Leur objectif commun: sortir cinq à six films par an par ce nouveau réseau de distribution. Voire «cinq à dix en 2016», promet Tristan du Laz, directeur général adjoint de TF1 Video.

Multiplier les fenêtres

Cette nouvelle offre vise à trouver un nouveau débouché pour le cinéma. «Il y a une inflation du nombre de films qui sortent en salles, avec des semaines à vingt sorties. 80% des gens sont équipés haut débit, et le prix des écrans de 50 pouces a baissé. L'e-cinéma permet de proposer des films en haute définition, bien doublés», poursuit Tristan du Laz. Une allusion aux sites de streaming pirates, tel Popcorn Time, rivaux potentiels. Autre atout, il permet de faire l'économie de la contribution à la distribution ou du coût de la copie en salle. «L’avantage est de multiplier les fenêtres, et donc les sources de recettes», estime de son côté Manuel Alduy, directeur de Canal OTT, qui n’a «pas de projet en e-cinéma» pour l’heure.

Mais pour légitimer ce mode de distribution auprès du grand public, le marketing s'impose. «On teste: pub TV, affichage métro, projections presse… On essaie de faire rentrer dans l’esprit des gens que ce n’est pas du cinéma de quatrième catégorie: ces films sont couverts par les rubriques ciné traditionnelles», précise Vincent Grimond, PDG de Wild Bunch. «Comme pour un film en salle, on prévoit un budget marketing de lancement de 1,5 à 2 millions d’euros bruts. Avec la même logique, des projections presse, de la promo par des acteurs, de la publicité dans les salles de cinéma, et sur les réseaux sociaux», assure pour sa part Tristan du Laz.

Avantage de taille, l'e-cinéma a droit à la publicité télévisée, contrairement au cinéma classique. 

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