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Jérôme Fenoglio a vu sa nomination à la tête du Monde entérinée jeudi 2 juillet par le conseil de surveillance du journal où siège notamment le trio d'actionnaires Bergé-Niel-Pigasse. En jeu, mettre le journal en ordre de bataille pour la présidentielle de 2017.

Cette fois-ci, l’homme a fait campagne. Durant trois semaines, service après service, Jérôme Fenoglio a fait le tour du Monde. L’actuel directeur des rédactions du quotidien du soir, candidat au poste de directeur du journal, a tenu pas moins de 21 réunions afin de s’assurer une issue favorable au vote organisé avec succès mardi 30 juin. Il a recueilli 68,4% des suffrages de la Société des rédacteurs du Monde (SRM), 13 points de plus que lors du précédent scrutin le 13 mai dernier.

 

 

La nomination de Jérôme Fenoglio à la tête du Monde a été entérinée jeudi 2 juillet par le conseil de surveillance du journal où siège notamment le trio d'actionnaires, Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse. Désormais, le nom du directeur nouvellement élu pourra figurer sur la Une du quotidien, au côté du nom de son fondateur Hubert Beuve-Méry. Au cours de ce même conseil, Jérôme Fenoglio a confirmé la nomination de Luc Bronner en tant que directeur de la rédaction et indiqué que la composition de la rédaction et rédaction en chef sera rendue publique d'ici au 10 juillet et entrera en fonction début septembre. Par ailleurs, il a été annoncé que la fermeture de l'imprimerie du Monde à Ivry interviendra le 7 septembre 2015.

 

 

Une campagne auprès de tous les services

 

«Avant le premier vote, Jérôme Fenoglio ne s’était sans doute pas fait assez connaître. Il n’avait pas fait campagne et il s’est rendu compte après de son erreur», a estimé Gilles Van Kote, directeur du journal par intérim jusqu’à sa démission au lendemain du rejet de la candidature de celui qu’il avait nommé au poste de directeur de la rédaction un an plus tôt.

 

Jérôme Fenoglio avait pâti d’un processus de nomination que beaucoup avaient jugé tronqué. «Les actionnaires du journal [Pierre Bergé, Matthieu Pigasse et Xavier Niel] n’ont pas respecté la procédure qu’ils avaient eux-mêmes mise en place. Jérôme Fenoglio n’a pas été auditionné, et ça a profondément heurté la rédaction», se souvient Alain Beuve-Méry, président de la SRM.

 

Autre point de crispation lors du premier vote, son projet avait été jugé par certains trop focalisé sur le numérique et son équipe, trop restreinte. L’expression «mobile first» en avait heurté plus d’un. «L’expression a été détournée de son sens. L’ambition n’est pas de passer au tout-numérique, et son expérience de grand reporter plaide en sa faveur», a insisté le président de la SRM.

 

«Aussi à l’aise sur le papier que sur le web»


Jérôme Fenoglio est entré au Monde en 1991 au service des sports est passé ensuite par le service société en pleine époque Plenel-Gattegno, puis aux sciences et au Monde 2 avant de prendre la direction du Monde.fr de 2011 à 2013. «Il coche toutes les cases. Ce serait le premier directeur à être aussi à l’aise sur le papier que sur le web», déclarait Alain Beuve-Méry peu avant le deuxième vote.

 

Parmi les missions qui incomberont au prochain directeur du Monde, le sixième depuis le changement d’actionnariat en 2010, la refonte de l’offre du week-end, qui pourrait voir le jour à la rentrée prochaine. Autre chantier, la vidéo, qui s’inscrit dans une réflexion groupe. Surtout, Le Monde doit se mettre en ordre de bataille en vue de l’élection présidentielle de 2017. «La stratégie mise en place par Le Monde pour 2017 ne pourra pas être la même qu’en 2012, car le mobile a pris une tout autre place», note Gilles Van Kote.

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