Hygiène
Un récent avis de l’Anses a mis en lumière la présence de substances potentiellement dangereuses dans les couches pour bébés. L’affaire touchant à la santé, et à plus forte raison celle des plus jeunes, les fabricants ont tout particulièrement intérêt à savoir rassurer.

Allô maman, bobo… C’est pour éviter ce type de catastrophe que les fabricants et distributeurs de couches ont été interpellés par le gouvernement, mercredi 23 janvier. Ce même jour, l’Agence de Sécurité Sanitaire (Anses), saisie dès janvier 2017 après un article de 60 millions de consommateurs, avait alerté sur les risques potentiels pour les bébés de certaines substances contenues dans les couches, en raison de «dépassements de seuils sanitaires pour plusieurs» d’entre elles. Les parfums, par exemple, sont pointés du doigt. Au total, 23 modèles sont concernés.

Pampers affirme que ses couches sont «sûres»

Un signal auquel ont aussitôt réagi les ministres de la Transition écologique et solidaire, des Solidarités et de la Santé et de l’Économie et des Finances en diffusant un communiqué commun exigeant des professionnels de prendre «avant quinze jours» des engagements pour supprimer les substances concernées. Ce communiqué promettait aussi un renforcement immédiat des contrôles par la DGCCRF.

La réaction des professionnels n’a pas tardé. Le syndicat des fabricants de couches, Group'hygiène, a adopté via communiqué un discours rassurant. Réaction similaire chez Pampers: «Nos couches sont sûres et l’ont toujours été», a indiqué l’entreprise, en listant, dans son document, les actions mises en place pour proposer des produits sûrs. La marque a aussi lancé un numéro vert à l’attention des parents.

Dernière étape en date vendredi 8 février : les fabricants ont présenté leurs engagements. L'un d'entre eux consiste à indiquer les composants sur les emballages, selon Group'hygiène. Fallait-il faire mieux ? 

Reco n° 1 

«Être pédagogique sur l’intérêt des substances utilisées»

Olivier Doussot, dirigeant d’Omnigibus

«Le fabricant est pris dans un paradoxe entre répondre au besoin du client (via l’efficacité du produit) et répondre à des inquiétudes liées à la protection des ultra fragiles : les nouveaux-nés. D’une part, il doit s’assurer de réduire au maximum le risque en étant sur des taux acceptables, dans le respect le plus strict de la réglementation. D’autre part, l’important est d’être transparent, pédagogique sur l’intérêt des substances utilisées. Ici, ce sont des substances inutiles à la capacité d’absorption des couches, comme les pesticides, qui sont mises en avant… C’est embêtant. Cela pose la question de l’approvisionnement. Rassurer passe aussi par le fait de mettre en place des processus d'amélioration continue et de chercher des solutions alternatives.»

 

Reco n° 2

«Le fait d'avoir un porte-parole féminin n'a pas été exploité»

Alain Pajot, dirigeant fondateur de Crises-Experts

«C’est une crise à mèche lente [démarrée en 2017]. Une crise anticipable et anticipée. Group’hygiène a permis une communication collective avec un communiqué citant leur déléguée générale, Valérie Pouillat. Ce genre de com’ protège les marques. Ils ont été réactifs, même si le fait d’avoir un porte-parole féminin n’a pas été exploité (je n’ai pas repéré de prise de parole). En parallèle, Benjamin Binot, directeur général de P&G France (Pampers) s'est exprimé sur RTL avec un message rassurant pour absorber l’inquiétude. Enfin, Group’hygiène propose depuis avant la crise un site d'information, “La couche de mon bébé”. Un site générique, c'est une bonne option, mais le communiqué en tête date de 2017. Dommage de ne pas l'avoir mis à jour...»

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