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Un rapport du fonds d’investissement Atomico fait le point sur la tech européenne qui s’est, en 2018, illustrée par sa capacité à générer du dynamisme et de l’investissement, soit plus de 20 milliards d’euros au total.

23 milliards de dollars, soit environ 20,2 milliards d’euros. C’est la somme, en hausse, investie dans les entreprises de la tech européenne en 2018, selon le récent rapport «The State of European Tech» du fonds d’investissement Atomico, lancé par un cofondateur de Skype.

«Cela m’a inspiré de l’enthousiasme, note en préambule Isabelle Rouhan, membre du conseil d’administration de l’Acsel, association de l’économie numérique, présidente fondatrice du cabinet de recrutement Colibri Talent. On dit généralement qu’une innovation, les États-Unis en font un business, la Chine, une copie, l’Europe, une norme… Ce rapport prend le contre-pied et montre que la tech peut créer du business».

Un enseignement qui va, d’ailleurs, dans le sens d’un récent baromètre de l’association sur le digital et la croissance. Selon cette étude, 71% des entreprises (600 dirigeants PME et ETI de 10 à 5000 salariés) considèrent, en 2017, le numérique et la tech comme un moteur de croissance (et même 90%, côté ETI).

 

Bon potentiel de la recherche scientifique

Ainsi, selon Atomico, 17 licornes ont émergé sur le continent européen. Autre exemple, le dynamisme de la tech y est tel qu’il contribue largement à la croissance de l’économie de la zone dans son ensemble. «L’industrie européenne du logiciel grandit au moins cinq fois plus vite que le reste de l’économie européenne», note le fonds.

Une performance qui repose sur différents facteurs comme son attractivité, l’amélioration de sa capacité à attirer les talents, ou leur mobilisation autour de hubs de l’innovation, notamment. Le rapport note, également, le potentiel de la recherche européenne, grâce à une communauté plus importante en nombre que les États-Unis et la Chine.

«L’Europe a un très bon potentiel scientifique, mesuré par ces publications dans ce domaine», commente l’auteur spécialisé Michel Claessens, qui mentionne également une force de l'Europe : la capacité à jouer la carte de la collaboration, au sein d’un même pays, et à l’échelle internationale.

En revanche, «l’un des points faibles est la traduction de ces recherches en applications industrielles et en innovations», pointe-t-il. Et le spécialiste de donner l’exemple du CERN ayant mis au point les premiers prototypes de messageries électroniques, ensuite développés ailleurs. «La communauté scientifique est dans l’ensemble largement motivée par la recherche fondamentale. Il n’y a pas assez de volonté de breveter. Mais les choses sont en train de changer», poursuit-il. Il resterait, enfin, à améliorer la capacité des start-up et des entreprises à travailler ensemble - même si des progrès sont déjà réalisés sur ce point.

 

L’Europe discriminante

Du côté des freins à la performance, la tech européenne souffre encore d’une incapacité à inclure tout le monde, et notamment les femmes. Selon le rapport Atomico, près de la moitié (46%) d'entre elles disent avoir déjà été discriminées. Plus emblématique de ce problème, 93% du capital investi est dirigé vers des équipes fondatrices exclusivement masculines. «Le sujet n’est pas la discrimination mais de savoir comment on rétablit l’équité», estime Isabelle Rouhan, engagée sur ces sujets.

«C’est une question d’éducation des femmes, pour qu’elles demandent plus d’argent, et d’éducation des VC», développe-t-elle. Et la dirigeante de citer le récent livre de Géraldine Le Meur, «Comme elles, entreprenez votre vie !», mettant en lumière le fait que les investisseurs auraient tendance à poser aux hommes des questions davantage orientées sur l’ambition, le potentiel du projet, et aux femmes, sur les éventuelles difficultés de ce projet. «C’est une question de biais inconscient, qui fait que les femmes lèvent moins de fonds».

Même problématique dans le domaine de l’intelligence artificielle. «Dans la grande majorité des cas les procédés sont mis au point par des hommes blancs. Il y a donc un biais profondément inconscient. La question est donc de comment ouvrir l’IA à tous les types de profils y compris à des femmes ingénieurs et à des profils atypiques», conclut Isabelle Rouhan.

 

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