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Dans son spectacle « Fashion Freak Show » aux Folies Bergère, le couturier fait revivre ses 40 ans de carrière, marqués par la passion de la création. Un monde d’avant l’avènement des grands groupes de luxe.

Il en rêvait depuis des années, il a enfin réalisé son grand spectacle de cabaret avec escalier, costumes chatoyants, chorégraphies et invitées de marque en vidéo, de Micheline Presle à Catherine Deneuve, en passant par Farida Khelfa et Cristina Cordula. Dans son Fashion Freak Show, prolongé aux Folies Bergère jusqu’au 10 mars 2019, Jean Paul Gaultier, 66 ans, y retrace les débuts de sa vocation devant le film Falbalas de Jacques Becker et ses premiers essais de soutien-gorge conique sur son ours Nana, sa rencontre avec son compagnon et alter ego Francis Menuge, son premier défilé à base de sacs-poubelle et de robes encore sur cintre… Et puis la gloire, les années Palace [club parisien des années 80], les parfums, les costumes de films, jusqu’à l’arrêt du prêt-à-porter et l’entrée dans l’ère de la chirurgie esthétique à outrance brocardée dans le tableau final. Un parcours placé sous le signe de la fantaisie, sans souci des bilans comptables.

«Comme Azzedine Alaïa, il est toujours resté libre, témoigne le mannequin Christine Bergstrom, qui a travaillé avec lui dans les années 80 et fait une apparition dans la vidéo consacrée au Palace. Il adore tout ce qui est image, la télévision, le cinéma, les clips, le théâtre. Il a un œil incroyable, il est capable de se souvenir de la tenue précise de quelqu’un qu’il n’a croisé qu’une seule fois. Les créateurs d’aujourd’hui ont dû développer un autre caractère, l’époque a changé.»



La hantise des "men in black"

Rachetés par l’entreprise familiale Puig en 2011 et 2016, la couture et les parfums Jean Paul Gaultier continuent d’exprimer son univers plein d’humour, comme la campagne internet « Jean Pod », avec Rossy de Palma, qui se moque des assistants vocaux. Lui-même ne s’exprime jamais sur le business, seule la création l’anime. « Il a la hantise des “men in black”, c’est pourquoi il ne voulait pas travailler avec une agence de publicité, confie Sylvie Polette, qui a travaillé douze ans avec lui en tant que vice-présidente des parfums Jean Paul Gaultier. Les campagnes s’inventaient autour d’une table avec Jean-Baptiste Mondino avec qui il avait le même attrait pour la pop culture et le décalage. À un moment, la marque a risqué une évolution trop luxueuse, c’est pourquoi on a créé la campagne “Le Beau Mâle”, avec un pin-up boy sur une peau d’ours. »



Esprit parigot

Le décalage reste le moteur de « l’enfant terrible de la mode », fidèle en amitié. « Ça le faisait beaucoup rire que je m’appelle Polette, on se reconnaissait dans un esprit parigot », se souvient la dirigeante très peu corporate. Le spectacle rend aussi un hommage touchant à la télévision, son média de prédilection dans lequel il puise ses nouvelles inspirations, de Nabilla apparue dans un de ses défilés, à la chanteuse Demi Mondaine, révélée par l'émission The Voice, une des « freaks » [phénomènes] de son show.

Chiffres clés

1,9 milliard. En euros, chiffre d'affaires en 2017 de Jean Paul Gaultier (parfums et haute couture), qui appartient au groupe espagnol Puig.

2. Nombre de parfums (Classique et Le Mâle) dans le top 15 français.

1,4 million. Nombre d'abonnés Instagram de la marque, bien qu'enfant de la télé, Jean Paul Gaultier n'utilise pas les réseaux sociaux. 

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