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François Durpaire, spécialiste des États-Unis, maître de conférences à l'université de Cergy-Pontoise, revient sur l'actualité et notamment les élections de mi-mandat aux États-Unis.

Les élections de mi-mandat aux États-Unis, le 6 novembre (au bouclage du numéro les résultats n’étaient pas connus).

Les Américains votent pour élire de nouveaux représentants aux deux chambres qui composent le Congrès, soit la totalité de la Chambre des représentants, 435 sièges, et un tiers des 100 sièges du Sénat. La fin de campagne s’est déroulée dans un contexte très tendu, comme en témoignent l’attentat contre une synagogue à Pittsburgh, ou l’affaire des colis piégés contre des personnalités hostiles à Donald Trump. Un tel climat de tension n’est pas nouveau, mais il s’est accru avec la montée du populisme-nationalisme depuis la période 2008-2010 et l’émergence du mouvement du Tea Party. Les attaques virulentes, et parfois personnelles, entre démocrates et républicains, autour de l’identité et des valeurs du pays, n’ont eu de cesse de se multiplier. À cela s’ajoute un débat public exacerbé par la personnalité et la politique du président actuel.

 

La « caravane de migrants » venue d’Amérique centrale, à destination des États-Unis.

Ces familles partent dans l’espoir du « rêve américain », pour améliorer leurs conditions de vie. Mais la question migratoire est devenue une victoire idéologique pour Donald Trump. Avant, elle n’intéressait que très peu les électeurs républicains, désormais, 75 % se disent préoccupés par elle. Cette politique identitaire est menée par ceux que l’on nomme « les faucons ». Ce sont des partisans d’une ligne dure, incarnée par Stephen Miller, un de ses proches conseillers du président à la Maison Blanche. L’opinion réussit parfois à tempérer cette politique, en posant une sorte de ligne rouge à ne pas franchir. Un des derniers exemples en date en a été la séparation des enfants de leurs parents migrants. Devant l’indignation générale, avec 70 % de la population contre, Donald Trump a renoncé.

 

Donald Trump retrouve Emmanuel Macron à Paris, à l’occasion des commémorations du 11 novembre.

La relation entre ces deux présidents ne débouche plus sur grand chose mais elle permet tout de même à chacun de servir ses intérêts personnels. L’un et l’autre ont des divergences profondes sur des dossiers tels que le climat, le protectionnisme, l’Iran… Emmanuel Macron sait désormais qu’il ne pourra pas convaincre Donald Trump de changer d’avis. À contrario, il s’affirme en qualité de chef d’État et parle d’égal à égal avec son homologue américain, voire endosse une position de leadership dans une opposition idéologique. Donald Trump continue, lui, d’entretenir ces relations par intérêt diplomatique.

 

La guerre et la crise humanitaire au Yémen, qui fait la Une du New York Times.

Donald Trump se retrouve tiraillé entre son partenariat avec l’Arabie saoudite, pays de son premier déplacement officiel à l’étranger, et des images d’extrême souffrance, comme ces enfants victimes de la famine. L’opinion américaine est très sensible à cela. Il lui avait d’ailleurs été reproché de ne faire aucune allusion aux droits de l’Homme et à la liberté de la presse lors de sa visite initiale dans la péninsule arabique. Historiquement, chaque président aborde ces sujets lors de son déplacement en Arabie saoudite. Cette pression médiatique oblige les États-Unis à agir et à réclamer la fin de cette guerre au Yémen, avec notamment la fin des frappes aériennes de la coalition menée par l’Arabie saoudite.

 

La victoire du « non » au référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie.

Au-delà du couperet du résultat, ce qui semble le plus important, c’est la question du vivre-ensemble entre les communautés kanak et caldoche. Lors d’un débat télévisé entre les deux représentants, Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur, à la question de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie à la fin des années 1980, ils répondront tout à tour : « Pour moi oui, mais avec tout le monde », « Pour moi non, mais avec tout le monde ». En 2018, après cette élection, la problématique reste la même trente ans après les accords de Matignon : bâtir un destin commun entre ces deux populations.

 

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, n’exclut pas la présence de policiers dans les écoles.

Cette proposition est destinée à réagir à la médiatisation d’un événement grave, une enseignante menacée d’un pistolet, mais elle ne résoudra pas la crise vécue dans la communauté éducative. La première erreur est d’ailleurs de restreindre la situation actuelle à la seule violence relevant de la catégorie des crimes et délits. Or, les enseignants sont confrontés à de nombreux faits qui relèvent souvent de ce que l’on appelle les « incivilités », même si je n’aime pas utiliser ce terme. Que vont faire les policiers face à ces comportements ? Rien, ils ne pourront pas intervenir. Si l’éducation était une vraie priorité, le Premier ministre devrait aussi en être le ministre.

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