Innovation
En se concentrant sur six tendances tech actuelles, Stratégies s’est penché sur la façon dont elles se déclinent en Afrique, un continent trop souvent victime d’idées reçues, notamment sur un présupposé « retard » en la matière.

Mobile

Selon Deloitte, le continent pourrait compter plus de 660 millions d’utilisateurs de smartphones d’ici 2020. « C’est 320 millions aujourd’hui », observe Karim Koundi, associé et responsable de l’étude « TMT Predictions Afrique 2018 » chez Deloitte, consacrée aux tendances sur les technologies, médias et communications. Soit plus du double en deux ans ! Un équipement qui, alors que la téléphonie fixe ne s’est pas autant développée, correspond à de nouveaux usages, notamment le paiement mobile. Une particularité : les comptes mobiles y sont plus nombreux que les comptes bancaires. Le mobile contribue ainsi à la bancarisation de la population. Parmi les prestataires -figure M-Pesa, une application de transfert d’argent par téléphone lancée au Kenya en 2007. De son coté, Orange, via son offre Orange Money lancée en 2008, revendique une présence dans 17 pays et 40 millions de clients. Le marché est également dynamisé par de nombreuses fintech. 



Intelligence artificielle

Les nouvelles technologies liées à l’intelligence artificielle se développent à vitesse grand V. Elles trouvent, en particulier, des appli-cations dans la santé. « L’IA permet d’apporter une expertise médicale à distance ou faciliter l’accès aux soins », précise Karim Koundi, qui voit le continent comme  un précurseur en la matière, comme il l’a été pour le paiement mobile. Autres secteurs concernés : l’environnement, l’éducation, la formation. Ainsi, la start-up camerounaise GiftedMom développe une application mobile et un chatbot visant à réduire la mortalité maternelle et infantile en -apportant de l’information aux femmes enceintes. Basée au Kenya, FarmDrive, lauréate –  comme GiftedMom – du Start-up Challenge Digital Africa 2017 de l’Agence française de développement et Bpifrance, développe un modèle d’analyse de risque à destination des agriculteurs pour leur faciliter l’accès au crédit. Compte tenu du dynamisme du secteur, ce n’est pas un hasard si Google projette d’ouvrir cette année, au Ghana, un centre de recherche dédié à l’IA.



Blockchain

Tandis que quelques cas d’usage font leur apparition, la blockchain représente un « axe majeur de développement pour enrailler la corruption qui sévit sur le continent », un « maillon inéluctable, aussi bien pour les pouvoirs publics et le renforcement de la confiance en ces institutions (…), que pour les entreprises privées », détaille PwC dans un décryptage de son étude « Disrupting Africa: Riding the wave of the digital revolution ». Un terrain investi par les start-up, à l’image de Bitland, distinguée dans le classement « Genius Companies 2018 » de Time. Cette entreprise, déployée au Ghana, utilise la blockchain pour aider les gens à prouver la propriété de leurs terres. Au Rwanda, la blockchain permet de gérer les transactions de service public. « Alors qu’en Europe, le point de départ de la blockchain se situe surtout dans les services financiers, en Afrique, c’est plutôt le secteur public qui est concerné », résume Karim Koundi.

 

 

Réalité virtuelle

Un peu moins développée que l’IA, la réalité virtuelle et augmentée en est encore à ses débuts. « La réalité augmentée [est] encore balbutiante en Afrique. L’utilisation la plus répandue se fait à travers des applications de filtres selfies », pointe l’étude Deloitte. Une technologie très liée au secteur de la santé,- avec la télémédecine par exemple, mais qui gagne aussi d’autres secteurs comme le gaming, en expansion à l’échelle mondiale. « Les premières applications utilisées sont les jeux », remarque Karim Koundi qui cite le Nigéria, l’Afrique

du Sud, la Tunisie ou le Maroc comme pays dynamiques dans ce domaine.



E-commerce

Le modèle africain du e-commerce repose sur deux spécificités. « La livraison est réalisée presque au porte à porte et le paiement, en général, s’effectue cash à la livraison », relate Karim Koundi. Des contraintes pour les professionnels. « Pendant des années, cela a constitué un frein, puis certains acteurs ont commencé à percer, comme Jumia. Ce leader du e-commerce en Afrique a compris ces spécificités », poursuit l’expert. Non sans susciter d’autres vocations chez de nouvelles entreprises qui se lancent sur ce terrain qui évolue, par ailleurs, vers le m-commerce.



Drones

En matière d’e-commerce, les drones ouvrent des perspectives. À titre d’exemple, le Rwanda commence à l’utiliser pour la livraison de colis. Mais, en Afrique comme ailleurs, subsiste un flou sur l’aspect réglementaire. « Ils ne sont pas forcément autorisés dans beaucoup de pays. Mais ils se développent pour la sécurité (le contrôle des frontières) ou encore l’agriculture », note Karim Koundi. Ces objets connectés admettent également d’autres usages. « On citera en exemple les drones qui sont utilisés par le Rwanda ou encore le Malawi, pour livrer des poches de sang dans les zones les plus reculées », illustre l’étude PwC « Disrupting Africa : Riding the wave of the digital revolution », datée de fin 2016.

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