RH
La secrétaire générale de Nexity fut la première femme à diriger un cabinet à Matignon. Elle est désormais en charge de la transformation du groupe immobilier en plateforme de services.

Elle évoque sans nostalgie l’époque où elle occupait les plus beaux bureaux de la République et où elle a dû affronter, en tant que directrice de cabinet de Manuel Valls, quatre séries d’attentats. «En sortant de Matignon, je me suis dit que j’allais me reposer et chercher un boulot», se souvient Véronique Bédague. Alors qu’Emmanuel Macron lui propose la Caisse des dépôts, c’est finalement Alain Dinin, le patron de Nexity, qui recrute cette économiste ayant à la fois une expérience internationale à Washington, au Fonds monétaire international, et une solide expérience de terrain en tant que secrétaire générale de la ville de Paris. Seul détail, à 53 ans, cette haut fonctionnaire n’a alors jamais travaillé dans le privé.

Écoute absolue

La greffe prend car Véronique Bédague a l’intelligence de ne pas trop en imposer. À l’image d’une «monarque absolue» dont parlait L’Express en 2014, elle substitue l’humilité d’une secrétaire générale-DRH à l’écoute, veillant à recruter des profils divers et prenant des leçons de son patron expliquant ses raisonnements. «Si l’on pense qu’on sait tout, on n’y arrive pas», note cette énarque passée par le cabinet de Laurent Fabius. À la Mairie de Paris, elle a l’idée de supprimer l’épreuve d’anglais au concours des attachés municipaux, qu’elle juge socialement discriminante. «Je suis très sensible à la diversité du recrutement. Nexity doit ressembler aux gens qui achètent nos logements. Pour en vendre à Paris, je ne suis pas sûre qu’on ait besoin de parler anglais.»
Face aux 7000 salariés de Nexity, Véronique Bédague engage un grand chantier de transformation. Il s’agit d’intégrer la notion de services et de se projeter dans la demande du client pour avoir une réponse globale. «Avant même de parler m2 de logement ou charges foncières, on voit comment on imagine l’aménagement d’un quartier», note-t-elle. Maquettes numériques (ou «building information modeling »), description en 3D, le digital est au cœur de l’offre. Dans sa gestion RH, la secrétaire générale a recours au design thinking. Elle n’hésite pas à mettre 14 jeunes de Nexity, d’horizons divers, sur un appel à projets («Réinventer Paris II»). Et met en place un plan diversité qui prévoit des recrutements à l’université ou 35% de femmes dans le top 100 en 2020 (28% aujourd’hui).
Au siège de Nexity, rue de Vienne, les bureaux sont eux-mêmes en train d’être redessinés: mobilier mobile, nouvelle cantine… Un projet de flex office intègre le travail nomade des commerciaux. Hormis aux RH et à la comptabilité, l’ère des bureaux individuels va prendre fin. L’ex-dircab ira-t-elle jusqu’à renoncer au sien? Elle ne l’exclut pas: «J’ai appris des éboueurs de la Ville de Paris que l’escalier se balayait par le haut».

Parcours

1964 : Naissance

1990 : ENA, Essec
1994 : FMI
1997 : Direction du budget
2000 : Conseillère de Fabius à Bercy
2002 : Mairie de Paris
2008 : Secrétaire générale de la ville de Paris
2014 : Dircab Matignon

 

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