Marketing
Une récente altercation entre une youtubeuse anglaise et un hôtel irlandais a révélé les relations pas toujours nettes entre les marques et les divas du web. Si tout le système n’est pas à remettre en cause, comment le rendre plus professionnel ?

« L’affaire » Elle Darby a défrayé la chronique des réseaux sociaux le week-end du 20 janvier. La jeune influenceuse anglaise, qui cumule 102000 abonnés sur YouTube et 95000 sur Instagram, a maladroitement proposé à un hôtel de Dublin, le Charleville Lodge, de lui offrir cinq nuits en compagnie de son petit ami en échange de visibilité sur sa chaîne. Mal lui en a pris, car l’hôtelier, habitué aux polémiques (il s’en est déjà pris aux clients véganes et intolérants au gluten), lui a envoyé une réponse cinglante relayée sur Facebook: «Il faut un sacré culot pour envoyer un mail comme ça (…) Si je vous laisse séjourner en échange d’une vidéo, qui va payer le personnel pour s’occuper de vous, faire le ménage et vous apporter le petit-déjeuner

Les blogueurs bannis de l'hôtel

Le nom de la jeune fille était masqué, mais les internautes l’ont facilement identifiée et se sont déchaînés par milliers, la traitant d’opportuniste sans foi ni loi. Au final, l’hôtel a décidé de «bannir tous les blogueurs» de son établissement. Pour certains, c’était la découverte du système des influenceurs et de ces transactions souvent opaques, qui profitent pourtant allègrement aux marques. Comment éviter la polémique, tant pour les célébrités du web que pour les annonceurs? 

Reco n°1 «Toujours envoyer un kit média»Soraya Khireddine, fondatrice du magazine web Influenth«La demande de la youtubeuse n’était pas illégitime et les hôtels sont plus que friands de ces partenariats pour leur référencement, indépendamment de la cible et du nombre d’abonnés. En revanche, il y avait un problème de forme, car elle a mis beaucoup trop d’affect et d’ego dans son approche pour que ce soit considéré comme professionnel. Je recommande de toujours envoyer un kit média avec les chiffres clés mais aussi le type de vidéos réalisées pour prouver par A+B la légitimité de la demande. Cette jeune fille mériterait de se faire accompagner dans ses démarches. Du côté de l’hôtelier, mettre en avant le salaire des employés n’a pas de sens car elle ne prenait pas la chambre d’un client payant.» Reco n°2 «Ne jamais divulguer une conversation privée»Eric Dupin, fondateur de Presse Citron, consultant en stratégie digitale «La youtubeuse a fait l’erreur d’envoyer un courrier type à un hôtelier habitué à pratiquer l’ironie, qui s’est fait un plaisir de l’éconduire publiquement. La leçon à en tirer, c’est qu’il faut professionnaliser le processus : elle aurait dû lui faire une vraie proposition commerciale, car ces demandes, même formulées avec les meilleures intentions, peuvent facilement passer pour arrogantes. Cependant, la réponse de l’hôtelier était inappropriée et en règle générale, déballer en public une conversation privée ne sert jamais la cause que l’on veut défendre. Cela ne pouvait que déclencher une bataille rangée. La jeune fille a payé la mauvaise image des influenceurs, mais ce sont souvent les marques qui initient ces relations, et pas toujours de façon transparente.»

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