Événement
Le 7e sommet des Napoleons organisé par le réseau constitué de personnalités de l’innovation et de la communication, qui s’est tenu du 10 au 13 janvier à Val d’Isère, s’est focalisé sur le thème de la peur. Une notion protéiforme qui, contrairement aux apparences, peut servir d’atout.

Plusieurs mètres de neige au pied des pistes, des conditions inédites depuis 20 ans et un événement un temps menacé d’annulation… Il en faut plus pour arrêter la marche en avant des Napoleons, dont le 7e sommet, consacré à la peur, s’est tenu pendant quatre jours à Val d’Isère. Et «quoi de mieux que la montagne pour apprendre à affronter et dominer ses peurs», comme l’a rappelé lors de la soirée d’ouverture Gérard Mattis, le premier adjoint au maire de la prestigieuse station de sports d’hiver? Ce ne sont pas Olivier Moulierac et Mondher Abdennadher, les fondateurs, qui diront le contraire. «L’organisation de l’événement a été compliquée par la météo, mais les efforts de l’ensemble des parties ont permis d’assurer la tenue de l’intégralité du programme», se félicitent les deux hommes.

Une communauté hybridée

Au final, l’événement aura rassemblé une trentaine de speakers et près de 350 personnes, confirmant la montée en puissance des Napoleons depuis 2015, année du premier sommet de ce réseau social slalomant allègrement autour de l’innovation. «L’avantage, avec un thème transversal comme la peur, c’est qu’il permet de faire venir des profils très différents, ce qui correspond à notre identité avec une communauté très hybridée», éclaire Olivier Moulierac. Entre Alain Juillet, ancien directeur du renseignement à la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), Éric Salobir, promoteur général pour les communications sociales de l’Ordre des prêcheurs, Alice Ekman, chercheuse à l’Ifri (Institut français des relations internationales), Sébastien Missoffe, directeur général de Google France, ou encore Véronique de Viguerie, photoreporter spécialiste des zones de conflit, le grand écart peut sembler manifeste. Il n’en est rien. Car c’est bien de cette diversité que se nourrissent l’événement, les échanges et les opportunités business.

Mark Zuckerberg dans le viseur

Parmi les nouveautés: deux focus géographiques autour de la Chine et du continent africain, mais aussi un zoom appuyé sur l’intelligence artificielle. Avec toujours la même ambition: permettre de faire de la peur un allié plutôt qu’un ennemi. «Il faut passer de la peur de la data à une utilisation positive de ces données», a ainsi souligné le directeur général de Google France à l’occasion du workshop The Dataclysm. Un credo que revendiquent au quotidien Les Napoleons qui, après avoir réussi le tour de force d’attirer Barack Obama à Paris début décembre, ne cachent pas leurs ambitions. «Le temps est une donnée incompressible, mais la venue d’Obama a été un formidable accélérateur. Cela nous permet de gagner encore en légitimité», estime Olivier Moulierac. Leurs deux prochaines cibles? Ni plus ni moins que Mark Zuckerberg et le Pape François! «Même si cela s’annonce très compliqué, nous rêvons de pouvoir faire intervenir le fondateur de Facebook à Arles cet été, d’autant plus que le thème de l’événement sera la vérité», confie Olivier Moulierac. C’est ce qui s’appelle n’avoir peur de rien.

Chiffres clés

22 Le nombre total d’heures de workshops, keynotes et autres conférences.

32 Le nombre de speakers de cette édition 2018.
340 Le nombre de participants à l’événement, un chiffre qui progresse à chaque édition. A titre de comparaison, ils étaient environ 260 un an plus tôt.
3000 La communauté active d’innovateurs que fédère le réseau.
50000 Le nombre d’utilisateurs interagissant avec les contenus sur les réseaux sociaux des Napoleons.

 

Chérif, fais-moi peur!

A la tête d’une agence de 140 personnes (120 à Paris, 20 à Dubaï) à la réputation bien établie, Georges Mohammed-Chérif a, au premier abord, tout pour être confiant. Il n’en est rien. Seul publicitaire présent parmi les speakers, le fondateur de Buzzman connaît lui aussi la peur, une notion qu’il a détaillée lors d’un workshop intitulé «Inside George’s fears». A la clé, six angoisses à consonance universelle, à commencer par la peur de l’argent. «La peur d’être mal payé est un peu ce qui gouverne notre monde», relève-t-il. Autre crainte évoquée: l’échec. «Mais on apprend plus de ses échecs que de ses réussites», souligne le dirigeant, rappelant que lui-même et ses équipes fêtent indifféremment autour d’un verre les compétitions perdues comme remportées! «La peur de la hiérarchie constitue sans doute ma plus grande angoisse», poursuit Georges Mohammed-Chérif, qui tient à conserver coûte que coûte le «côté familial» de son agence. «La hiérarchie est un truc terrible car les gens ne donnent pas vraiment leur avis», estime ainsi celui qui travailla de 2002 à 2004 chez Publicis Conseil. Enfin, aux côtés de la peur des délais et de celle de l’entrepreneuriat, figure également la peur de l’évolution technologique. «Une peur qui ne doit pas brider la créativité», avance le CEO de Buzzman, rappelant avoir vendu en 2010 à Tipp-Ex la «première campagne interactive sur You Tube, permettant à n’importe quel utilisateur de changer le titre de la vidéo». Le tout sans même savoir si l’opération était réalisable techniquement parlant…


Un atout nommé Fleur Pellerin

C’est une des annonces fortes du sommet savoyard. Fleur Pellerin, ancienne ministre de la Culture et de la Communication, rejoint le board des Napoleons. Actuellement à la tête du fonds d’investissement Korelya Capital, destiné à accompagner les investissements coréens en France dans le domaine des nouvelles technologies et à financer les start-up françaises en leur donnant accès aux marchés asiatiques, elle explique que «ce choix a été celui de l’équipe» des Napoleons. «Je connais Mondher (Abdennadher, l’un des deux fondateurs, N.D.L.R.) depuis près de 20 ans. C’est un événement innovant et j’apprécie leur démarche et leur humilité», confie cette personnalité influente, qui rejoint le réseau accompagnée d’un ambitieux projet tourné vers l’international: le Napoleons Innovation Tour. «Même si les Napoleons sont déjà connus à l’étranger, l’objectif est de pouvoir les exporter en calquant ce qui se fait à Val d’Isère et en emmenant les participants sur des terres d’innovation majeures», dévoile-t-elle. L’Asie (en particulier la Corée du Sud), l’Afrique ou encore Israël font partie des premières destinations évoquées.

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