Présidentielle 2012

Suite de notre série d'articles rédigés par les étudiants de mastère 2 de communication publique et politique 2.0 de l'ECS (European Communication School). Après l'influence de la campagne d'Obama 2008, un article sur l'abstention, le rôle des lieutenants des candidats, et les quinquas de la Ve savent-ils communiquer avec la génération Y?  

Aujourd'hui: le rôle des tweet.

 

Les coups pleuvent sur Internet. «Quand vous aurez fait un audit sur la sûreté nucléaire sans problème, plus urgent pour un ministre que de faire le kéké sur Twitter», lance Cécile Duflot à Eric Besson, après l'intrusion de militants de Greenpeace dans une centrale nucléaire française. «Je suis piéton, où roulez-vous aujourd'hui? J'ai peur!», raille Stéphane Guillon en faisant allusion à la collision entre Nadine Morano et un piéton.
La nouvelle arme des politiques: Twitter. Un outil «formidable» pour apostropher un adversaire à la vue de tous. Entre le ring de boxe et la cour de récréation, nos politiques envoient leurs ennemis au tapis en 140 caractères par claviers interposés. Une manière d'émerger dans la foule de gazouillis et de faire le buzz en quelques secondes.
Le tweetclash, quésaco? Une bataille bien organisée par des petites phrases assassines entre deux ou plusieurs protagonistes sur Twitter. Le tweetclash est public et tous les twittos peuvent y participer. Comme un spectacle de catch où les coups sont virtuels, on retrouve chez nos politiques l'art de la petite phrase qui fait mal pour défendre son point de vue, et cela les twittos en sont fous! Les politiques aussi en raffolent: le tweetclash promet son petit quart d'heure de gloire au vainqueur. Pourtant certains hommes ou femmes politiques excellent dans les tweets vides de sens. Ces micro-affrontements ont au mieux permis de faire entendre une voix sur un sujet de discorde politique et, au pire, le politique et sa fonction ont été ridiculisé et n'ont rien apporté au débat d'idée.
La recette d'un bon tweetclash politique: s'attaquer à un adversaire coriace avec du répondant, de manière à alimenter le combat de titan et créer le buzz au cœur de la «Twitter arène». Le sujet du clash n'a aucune importance et souvent, plus il est graveleux et sans intérêt politique, plus il agite la twittosphère.
Un marketing politique par KO. Mais quel est l'intérêt de ces invectives sur Internet? Rien de bien constructif apparemment, car de nombreux sondages montrent que les Français se désintéressent de plus en plus de la classe politique, qui, non seulement ne renouvelle pas son discours, mais de surcroît se livre à des bassesses sans intérêt. Les politiques auraient pourtant pu utiliser Internet et les nouveaux médias intelligemment afin de mener une véritable stratégie de montée en puissance et d'avoir une percée percutante. Mais non, leur attitude est bien souvent absurde et égocentrique.
Twitter aurait pu être une arme puissante en bouleversant la communication politique, la rendant plus humaine, proche des citoyens. En effet, l'outil a changé la donne en mêlant à la fois vie publique et vie privée, et en permettant ainsi aux politiques de s'exprimer comme tout le monde. Les échanges avec les Français et les journalistes n'ont plus de barrières, pour le meilleur et pour le pire, et surtout pour le buzz...
Twitter pose la question du trash dans une campagne, jusqu'où les spin doctors sont-ils prêts à aller pour contrer leurs adversaires? Est-ce vraiment utile pour les citoyens de voir leurs responsables politiques se donner en spectacle tel des enfants dans une cour de récréation?
Twitter a ce côté immédiat et réactif. Il impose une liberté de ton, son format court s'adapte parfaitement à la logique de «petites phrases». Véritables joutes verbales 2.0 du 21e siècle, ces attaques futiles ne relèvent malheureusement pas les débats!

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