BEAUTE
La marque française Nars, labellisée «Cruelty Free» depuis 2003, a surpris en décidant de s'implanter en Chine, connue pour imposer les tests sur les animaux. Les fans de la marque n'ont pas tardé à réagir en appelant au boycott. Mais Nars pouvait-elle se passer d'un marché aussi juteux ?

@NARSissiste : avec un pseudo pareil sur les réseaux sociaux, il n’est pas étonnant que la marque de cosmétiques Nars se la joue perso. Très tôt, Nars a souhaité s’émanciper de la majorité de ses concurrents, en refusant de tester ses produits sur les animaux. Depuis 2003, Nars clame sa ligne «Cruelty Free», fédérant une grosse communauté.

Pourtant en choisissant de s’implanter sur le marché chinois, la marque a déçu: la Chine reste la bête noire des vegan [lire Like a vegan]. En effet, la législation chinoise impose aux marques importées de tester sur l’animal les produits avant leur mise en vente sur le territoire…

Vegan Ban

Dans un post Instagram daté du 27 juin, Nars tente de se dédouaner en arguant de la législation locale: «Nous avons décidé de rendre Nars disponible en Chine parce que nous pensons qu’il est important d’amener notre vision de la beauté et du talent aux fans de la région. Nars ne teste pas sur les animaux, excepté là où la loi le requiert». Grands discours mis à part, il est surtout difficile de se priver du marché cosmétique chinois, qui représenterait à lui seul 50 milliards de dollars.

Retour de bâton, le boycott n’a pas tardé à s’organiser avec le #boycottnars. Retour sur cette décision qui semble encore faire débat dans le milieu du luxe.

«Nars a décidé de faire une entorse à sa règle d'or»

Brune Buonomano, directrice adjointe de BETC Luxe :  «Depuis des années, Nars s’affiche “Cruelty Free“ et met ce combat au cœur de son positionnement. Mais face à un marché aussi stratégique et alléchant que la Chine, Nars a décidé de faire une entorse à sa règle d’or. Passant de  “Nous ne testons pas sur les animaux“  à  “Nous ne testons pas sauf quand c’est imposé par la loi“ . C’est forcément déroutant. Et en même temps, décider de s’implanter en Chine a pour but de partager une vision du monde avec un marché qui parait assez mûr pour l’entendre. Pour certains, la décision de Nars paraît brutale, mais il s’agit d’infiltrer un système pour mieux le combattre de l’intérieur. Pour changer la donne, Nars aura peut-être plus de poids une fois qu’il aura convaincu des milliers de consommateurs chinois. Certes, cela va demander beaucoup de preuves d’engagement pour rester crédible, mais agir ainsi paraît plus productif que si Nars avait continué à tourner le dos à ce pays.»



«Rien ne les empêche de chercher des méthodes alternatives»

Laura Visserias, directrice de la communication de crise chez Weber Shandwick. : «En général, les sociétés d’une telle envergure se dotent de distributeurs chinois qui effectueront pour les marques, les tests sur place des produits finis. Du coup, la marque ne teste pas directement sur les animaux. La cohérence par rapport aux engagements de Nars voudrait qu'elle suive cette voie, comme pas mal de marques de cosmétiques. A côté de cela, rien ne les empêche de chercher des méthodes alternatives comme le groupe Shiseido, auquel Nars appartient. Même si le groupe Shiseido ne détient pas de labélisation Peta ou Leaping Bunny [label créé par la BUAV (British Union for the Abolition of Vivisection) en 1996], ils communiquent beaucoup sur les recherches de méthodes alternatives dont in vitro, in vivo…»

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