Festival
L'homme d'affaires Matthieu Pigasse se diversifie et s'offre l'un des plus grands festivals français.

Banquier passionné de rock, Matthieu Pigasse, le patron de Lazard en France, groupe mondial de conseil financier et de gestion d'actifs, se diversifie dans la culture «live» en rachetant le festival Rock en Seine, l'un des plus grands festivals français, a-t-il annoncé à l'AFP.

Ce rachat, via sa holding personnelle Les Nouvelles Éditions indépendantes (LNEI), vient renforcer les investissements culturels de Matthieu Pigasse, boulimique de production indépendante, qui détient depuis 2009 plusieurs médias (Radio Nova, Les Inrocks...). Il est aussi copropriétaire du Monde depuis 2010, avec le patron de Free Xavier Niel et le mécène Pierre Bergé, et vient avec Niel de racheter le groupe de télé AB.

 

Branche événementielle

 

Depuis longtemps spectateur assidu du festival, il a finalement décidé de racheter Rock en Seine, jusque-là détenu par ses trois fondateurs, François Missonnier, Christophe «Doudou» Davy et Salomon Hazot.

Créé en 2003, Rock en Seine s'est imposé en quinze ans comme l'un des plus grands festivals français de musique, avec 110 000 participants en 2016. Dernier gros festival de l'été, il se tient chaque année fin août dans le domaine de Saint-Cloud.

En terme de fréquentation, il se place derrière Les Vieilles Charrues à Carhaix (278 000 personnes), Solidays à Paris (200 000) et Hellfest à Clisson (180 000), mais au coude-à-coude avec Garorock à Marmande et Main Square à Lille.

 

Avec Rock en Seine comme point de départ, Matthieu Pigasse crée une branche événementielle, «LNEI Live». Sa direction sera confiée à François Missonnier qui restera aussi le directeur de Rock en Seine. LNEI Live regroupera le festival des inRocKs et les Nuits Zébrées de Radio Nova.

A titre personnel, le banquier est président des Eurockéennes de Belfort (104 000 visiteurs).

 

 

«Un projet politique»

 

«Avec François Missonier et Rock en Seine, nous partageons les même valeurs sociales», a expliqué Matthieu Pigasse. «C'est aussi un projet politique: nous utilisons l'éducation et la culture pour changer le monde». «Ces investissements sont aussi des coups de coeur, je ne rachèterais pas Rire et Chansons ou Radio Nostalgie», a-t-il ajouté.

Dans le même esprit, son complice Xavier Niel, qui a investi dans des dizaines de start-up mène lui aussi des paris culturels, comme tout récemment en soutenant Blackpills le producteur de mini-séries pour mobiles. «Mais l'acquisition du festival se situe aussi au coeur de la stratégie de LNEI, qui veut devenir un leader de la production de contenu premium», indique-t-il.

«D'une part, dans l'information, avec Le Monde, L'Obs, Nova et Cheek Magazine. D'autre part dans l'audiovisuel avec notre participation dans Mediawan, créé avec Xavier Niel et (le producteur) Pierre-Antoine Capton, qui vient de racheter le groupe télé AB (Hélène et les garçons) et vise une place de leader dans l'audiovisuel en Europe». «Et enfin avec les événements live, où nous voulons devenir un acteur majeur en France et en Europe, avec d'autres rachats à venir. Il existe plein de festivals en Europe de l'est et du nord», a-t-il ajouté. 

 

«Moyens renforcés»

 

«Après 15 ans, notre projet se porte très bien mais nous sommes parvenus aux limites de ce que nous pouvions réaliser seuls», a commenté de son côté François Missonnier à l'AFP. «En s'intégrant dans LNEI, Rock en Seine bénéficiera de moyens renforcés».

LNEI, dans lequel ont investi le géant britannique de la publicité WPP et le conglomérat indien Reliance, vient aussi de créer un label musical, «Homerun», avec pour cible les jeunes artistes.

Autre projet, Matthieu Pigasse (48 ans) va lancer en septembre Nova TV, sur l'un des canaux du groupe AB. Autant d'idées financées notamment par ses activités bancaires.

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