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Gilles Babinet, digital champion, auteur de «Transformation digitale, l’avènement des plateformes», commente pour Stratégies l'actu de la semaine

La mobilisation contre la publicité d’Yves Saint Laurent.

Gilles Babinet. Le monde a changé et change encore : non seulement les publicités machistes commencent à ne plus être tolérées, mais de surcroît la puissance de la multitude, dans un monde plus plat, est désormais une dimension que l’ensemble des marques ne peut plus ignorer. Or, les marques de luxe se singularisent, en cultivant une forme de distanciation de leurs consommateurs au travers d’une forme de création hermétiste, censée hypnotiser le consommateur. De ce fait, il me semble qu’elles s’opposent de plus en plus au monde qui vient. Et à cet égard, cette publicité d’YSL pourrait bien indiquer que cela ne marche plus aussi bien qu’avant.

Lafarge critiqué pour avoir proposé de construire le mur de Trump.

G.B. C’est l’argument du marchand d’armes : « si je ne le fais pas, un autre le fera. » Pour ma part, je me suis toujours refusé à travailler dans les secteurs que je trouvais immoral. Sur l’instant, c’est parfois difficile de dire non à un beau contrat, mais ça permet de se retourner sur son expérience professionnelle sans rien regretter. Les révélations de Wikileaks sur la façon dont la CIA « hacke » nos appareils connectés.

G.B. C’est plus l’aspect technique qui m’étonne : en réussissant à capter le signal du micro avant même ce que l’on appelle le DSP (Digital signal processor) la CIA fait preuve d’une virtuosité bien au-delà de tout ce que l’on aurait pu imaginer. Même Edward Snowden semblait penser que des applications comme Telegram étaient sûres. L’autre aspect étonnant, c’est la quasi absence de réaction des Etats occidentaux : cela ne peut qu’avaliser l’idée que ces pratiques sont connues et probablement au coeur d'échanges de renseignements entre les services. Il est à craindre que ces accords, où un pays dispose d’un avantage technologique, ne soient en réalité des jeux de dupes, n’affaiblissant que plus la souveraineté européenne et française. 

La voiture volante « Pop Up » présentée par Airbus au salon de Genève.

G.B. Il faut le souligner, c’est surtout d’une révolution des technologies numériques dont il est question ici : avec l’explosion du volume des smartphones, les financements en R&D des accéléromètres, des microcontrôleurs et des logiciels embarqués ont permis de faire de tels progrès que les transferts de technologies sont devenus rapidement applicables aux drones, et aujourd’hui aux véhicules volants… Comme quoi, lorsque l’entrepreneur Peter Thiel (fondateur de Paypal) disait « on voulait des voitures volantes, on a finalement eu des réseaux sociaux à 140 caractères », il se trompait simplement d’une décennie.

L'acquisition d’Opel par PSA.

G.B. J’ai eu l’occasion de rencontrer une ou deux fois Carlos Tavares, et il donne le sentiment d’être extrêmement concentré sur l’objectif de la rentabilité qu’il voit comme un élément générateur du reste. Les faits semblent lui donner raison. Pour autant, je me pose sans cesse la question : selon plusieurs études, le partage de trajets (car-pooling), de voitures (car sharing) ainsi que les véhicules autonomes (AI), devraient aller jusqu’à supprimer 95% des automobiles. Que vont devenir les constructeurs ? Bien entendu, ce n’est pas pour demain, mais c’est pour après-demain.Le rachat potentiel de Teads par News Corp.

G.B. Franchement, que cela se finalise ou pas, il faut saluer le travail accompli par Pierre Chappaz : des années de travail à perfectionner ses outils, et surtout un talent incroyable pour racheter ses concurrents, un à un. Pierre est un laborieux, extrêmement constant et concentré sur ses objectifs. Il a construit au fil du temps l’un des premiers réseaux alternatifs de publicité vidéo. C’est d’ailleurs symptomatique que ce soit un acteur américain qui se positionne là-dessus : le potentiel reste à venir et rares sont ceux qui le comprennent mieux que les groupes médias américains.

La SNCF qui arrête IDTGV.

G.B. Pour ceux qui, comme moi, sont de gros consommateurs de transports, un soupçon de frustration nous empare. Et si, plutôt que de créer une profusion de marques aussi incompréhensibles les unes que les autres, la SNCF s’attachait à faire arriver les trains à l’heure ? À faire en sorte que le WIFI ou la 4G y fonctionnent convenablement ? 

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