Digital manager
Ludovic Le Moan, PDG et fondateur de Sigfox, qui a levé 100 millions d’euros en début d’année, pilote une entreprise en pleine expansion internationale.

Dans ses nouveaux bureaux parisiens, rue Blanche, à quelques encablures de ceux de Criteo et de Google, la peinture est encore fraîche. Ludovic Le Moan y est de passage, alors que son état-major est établi à Toulouse, qui reste sa base. Avec 100 millions d’euros levés en début d’année, grâce à sa technologie de réseau bas débit dédié aux objets connectés, Sigfox a atteint le statut fantasque de start-up «licorne» (unicorn en VO), à la valorisation proche du milliard d’euros.

Les choses sont allées vite, très vite, pour celui qui a cofondé Sigfox avec Christophe Fourtet en 2010. «Pour nous, c’était évident dès le début, comme Newton lorsqu’il a vu la pomme tomber et qu’il a imaginé la gravitation», lâche-t-il. Venu du monde ouvrier, originaire du Havre, diplômé d’un CAP de tourneur à 14 ans, l'homme a tracé sa route: première start-up, Anyware trechnologies, spécialisée dans le «machine to machine». Puis Goojet, qui créait des «widgets» mobiles. Et puis Sigfox: Anne Lauvergeon est arrivée comme «chairman» non exécutive en début d’année avec son carnet d’adresses parisien, mais Ludovic le Moan reste bien le patron, à 52 ans.
Côté management, Ludovic Le Moan prône un «management d’impulsion». Explication: «J’attends de mes équipes qu’elles pensent au projet plus qu’à leur carrière, précise-t-il. De mon côté, je pousse les gens à aller de l’avant. Je fonctionne beaucoup à l’intuition.» Mais avec des business plans successifs, Sigfox se doit aussi d'avoir un management structuré apte à conduire des plans de recrutement. Pour cela, le patron a recruté Xavier Drilhon, ex-Overture, comme directeur général délégué. «Il sait instaurer des process pour gérer des équipes internationales», souligne-t-il. 

Pionnier de la classe

L'entreprise grossit: elle a ouvert des bureaux à Boston, San Francisco, Dubai, et bientôt Singapour. Avec 160 salariés, et 40 recrutements en cours. Pour interagir avec ses équipes à l'étranger, Ludovic Le Moan recourt «aux all-hands (réunions avec tous les salariés) en visioconférence tous les mois: je peux y annoncer les événements, et chacun peut prendre la parole». Il préfère aux mails les points informels par Skype ou réunions physiques, et utilise beaucoup la plateforme collaborative Slack, «parfaite pour échanger des documents sur des projets». «Il a une maturité, pas d’ego, il veut valoriser les idées qui viennent des salariés», estime Cédric Giorgi, responsable des relations avec les start-up chez Sigfox.

«Notre identité? Nous sommes une start-up, internationale, sûrement pas un opérateur télécoms. On fait quelque chose de nouveau», sourit-il, agitateur. Dans ses recrues, il cherche «des pionniers, entrepreneurs, autonomes, avec des valeurs de travail d’équipe, dans un projet qui va changer le monde, avec de nouveaux usages», ose-t-il. D’ailleurs, «il suscite un engouement énorme de ses équipes, par son charisme et son franc-parler. Et il est resté lui-même face aux personnes influentes», souligne Jean Paoletti, directeur régional ERDF en Midi-Pyrénées Sud.

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