Marketing musical
On l’a tous entendu, parfois même jusqu'à l'overdose. Mais quelle est l’origine du phénomène «Happy»? Où il est question de musique, mais pas seulement.

Un petit orgue syncopé en guise de basse, et l’atmosphère change soudainement. Happy de Pharrell Williams est un «phénomène» à plus d’un titre. Numéro un sur les radios en 2014 dans douze pays, élu artiste de l’année au NRJ Music Awards… La musique a tout du tube. «Des paroles et une structure simples, un titre évocateur, et un effet “clap” fédérateur [un son «clap des mains» sur les 2e et 4e temps des mesures], qui fonctionne toujours», explique Mathieu Aribart, cofondateur de l’agence de marketing musical Brass. Auxquels il faut ajouter «ce “happy” martelé par les chœurs à chaque refrain, selon Fabrice Brovelli, fondateur de BETC Pop. Ça s’imprime dans le cerveau.» Et la joie se trouve dictée à l’inconscient, en maladie musicalement transmissible.

Get Lucky prépare les esprits

Mais le «phénomène Happy» n’est pas tant musical que social. Et l’aura de la chanson dépasse la partition. «Musicalement parlant, ce n’est pas une révolution», assure Ali Mouhoub, patron de la société de pige musicale Yacast. Alors pourquoi un tel succès? «Un alignement de planètes imprévisible», assure Fabrice Brovelli. En juin 2013, en tant que bande originale du film Moi, Moche et Méchant, la musique ne suscite pas d'engouement particulier. Ni à la radio, ni ailleurs. Sur les ondes, les gens écoutent pourtant déjà Pharrell Williams: il chante sur Get Lucky, des Daft Punk. «Une vraie révolution musicale, pour le coup, avec un titre funk quand tout le monde attendait de l’électro», continue Ali Mouhoub. Cela a permis au public de connaître Pharrell, sa voix. Tout était prêt pour le succès.

Facilement reproductible

En novembre, la chanson est remarketée pour la sortie du single. «La base du phénomène Happy, c’est la vidéo», raconte Fabrice Brovelli. Un clip de 24 heures, primé aux Cannes Lions et réalisé par les Français de We Are From LA (dont le concept avait d’ailleurs été déjà proposé au label Kitsuné pour un autre artiste, sans succès): des gens lambda marchent dans la ville de Los Angeles. «Le principe de la vidéo basée sur des plans simples, faciles à monter et à reproduire a pu être aisément récupérable. C’est là le secret du phénomène Happy, tout le monde pouvait faire son remake», analyse Mathieu Aribart. En pleine mode des lipdubs et autres Harlem Shake, le virus Happy s’est transmis à toutes les générations, lors de mariages, d'anniversaires, dans les entreprises, toujours pour célèbrer de bons moments… Constatant que le morceau plaît à tous les publics (études conso à l'appui), les radios ne tardent pas à le programmer massivement. Un cercle vertueux de contamination par le bonheur qui tient du marketing et de la chance, et un peu... de la musique. 

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