Marketing sportif
La Fédération française de tennis a intégré le padel, une discipline qui connaît un gros succès en Espagne. Elle est en démonstration à Roland-Garros.

Pour le trouver, il faut contourner le court Suzanne-Lenglen, franchir une passerelle et entrer dans l’aire d’animation réservé aux enfants. A Roland-Garros, le padel tennis vit encore dans l’ombre du tennis, mais la discipline ne demande qu’à grandir. En Espagne, plus de 8 millions de personnes pratiquent ce sport venu d’Amérique du Sud, qui se joue à deux sur un terrain en dur de 10x20m, coupé par un filet et ceinturé par des parois de Plexiglas sur lesquelles les joueurs peuvent faire rebondir la balle. La raquette est plus épaisse qu’au tennis, mais le système de point est identique.

Si le padel est présenté à Roland-Garros, c’est que la Fédération française de tennis (FFT) y croit. L’instance a même aménagé ses statuts pour l’intégrer en son sein. «C’est un enjeu de développement pour nous et nos clubs, qui cherchent des offres complémentaires à proposer à leurs licenciés, explique Jérémy Botton, directeur général délégué de la FFT. Les gens ne viennent plus dans un club pour la compétition. Une partie du public recherche une pratique plutôt loisirs.»

Si la FFT a embrassé le padel naissant, c’est pour ne pas voir lui échapper une discipline susceptible de séduire une population nouvelle et des licenciés. Il s’agit de ne pas répéter l’erreur de l’athlétisme et du football qui tentent, vainement, d'intégrer dans leurs structures le running ou le foot à 5. Ces nouvelles pratiques drainent de nombreux pratiquants et génèrent un modèle économique dont les fédérations respectives ne profitent pas ou très peu.

Des équipementiers prêts

«Cela aurait été une erreur de notre part de considérer le padel comme une discipline concurrente, assure Jérémy Botton. C’est un sport de masse, familial et accessible. Et nous sentons un engouement de business fort. Le potentiel est important.»

Les équipementiers du tennis, comme Babolat ou Tecnifibre, sont déjà sur ce marché. Les géants Adidas ou Nike commencent à développer des produits spécifiques. En Espagne, le pays le plus avancé dans cette pratique en Europe, ce sont des marques spécialistes qui dominent.

En France, l’ancien tennisman Henri Leconte a saisi la balle au bond. Il a même créé sa société, Henri Leconte Padel, qui vend des courts clés en main (de 19 000 à 25 000 euros), monte des clubs en franchise et propose une plateforme où les joueurs peuvent se retrouver et réserver leurs matchs. «J’ai découvert la discipline à Marbella il y neuf ans, indique-t-il. C’est un vrai sport de loisirs, mais la compétition reste nécessaire.»

Henri Leconte (regarder l’interview vidéo), qui envisage un développement en Australie, effectuera un tour de France durant l’été 2016 grâce à un court de padel tennis démontable permettant des démonstrations. Avant cela, la FFT organisera, en octobre, le premier championnat de France de la discipline.

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