Dossier Com santé
Les professionnels de santé sont encore méfiants vis-à-vis des réseaux sociaux. Ceux-ci peuvent pourtant être un outil de meilleure compréhension des patients.

Tous les médecins subissent la concurrence de « Docteur Google », les recherches effectuées par les patients sur internet avant le passage dans leur cabinet. Mais plutôt que d’embrasser la transformation numérique, les professionnels de santé réagissent souvent par la défensive. L’autorité médicale, comme toutes les institutions, n’est pourtant plus toute puissante, et les praticiens auraient tout intérêt à exploiter davantage les réseaux sociaux comme outils de partage et de veille. Selon l’étude Santé Connect d’Ipsos, seulement 19% des professionnels de santé se connectent professionnellement aux réseaux sociaux, dont 51 % sur Facebook. 14 % des pharmaciens, 30 % des médecins généralistes et 48 % des spécialistes sont sur LinkedIn. Le secteur a encore du potentiel pour jouer en ligne son rôle de conseiller de proximité.

Le digital, un facilitateur

« Les professions médicales ne doivent pas essayer de lutter contre le digital mais au contraire aller vers plus de transparence, assure Hélène Ortola, directrice générale adjointe de Disko. Elles doivent considérer le digital comme un outil, un facilitateur, à l’instar des prises de rendez-vous sur Doctolib. » Addiction Agency a par exemple organisé une campagne de sensibilisation au dépistage de l’hépatite C en ciblant des médecins sur LinkedIn. « Ce réseau professionnel permet d’identifier précisément les médecins en leur envoyant des informations adaptées sous la forme de posts sponsorisés, explique Olivier Martin-Dupray, cofondateur et directeur associé. En complément de messages destinés au grand public, cette campagne a permis d’augmenter de 12 % le nombre de médecins qui ont proposé un dépistage. »

Outre cet usage professionnel, les médecins ont tendance à se servir des réseaux sociaux comme d’un exutoire, postant des messages parfois peu bienveillants sur leurs patients sous couvert d’anonymat. Une attitude vue aussi chez les enseignants ou les avocats. D’autres utilisent au contraire les plateformes pour prendre position sur leur métier, comme Jean-Daniel Flaysakier, ancien spécialiste santé sur France 2 (27 000 abonnés sur Twitter), Baptiste Beaulieu, auteur et chroniqueur sur France Inter (26 900 abonnés), ou Martin Winckler, également écrivain (15 500 abonnés).

Influenceurs médicaux

L’exposition numérique entraîne son lot de négativité, et le plus médiatique d’entre eux, Michel Cymes, a quitté Twitter en avril 2017 malgré ses 237 000 abonnés. Ces « influenceurs » médicaux témoignent cependant d’une approche plus horizontale de leur métier et d’une volonté de dialogue avec les patients. On trouve aussi des chirurgiens esthétiques sur Instagram, qui n’hésitent pas à poster des photos avant/après de leurs patientes (augmentations mammaires, rhinoplastie…). Ces publications ressemblent fort à du démarche commercial, interdit par l’Ordre des médecins, mais s’agissant d’actes non remboursés par la Sécurité sociale, elles sont dans les clous…

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