Modèle
Sous la houlette de sa nouvelle CEO Cécile Lejeune, arrivée en avril, l’agence du groupe WPP entend redessiner son modèle pour diversifier ses expertises et renforcer ses capacités créatives.

Le ronronnement de l’agence parisienne serait-il parvenu jusqu’aux oreilles des dirigeants du réseau mondial de 6500 salariés? Toujours est-il que l’heure des grandes manœuvres a sonné pour Y&R Paris. En particulier depuis le mois d’avril et l’arrivée discrète – remous de «l’affaire» Martin Sorrell obligent – de sa nouvelle CEO Cécile Lejeune. «Je suis là pour réveiller la belle endormie», reconnaît sans détour la nouvelle venue issue du groupe Publicis (où elle officiait en tant que global client officer), qui tient néanmoins à dissiper tout signe d’alarmisme.

Le brand consulting sous toutes ses formes

«L’expertise de l’agence a toujours reposé sur les marques et leur construction, avec une singularité consistant à gérer, depuis Paris et pour le monde entier, des références comme Danone, Bel ou Sanofi», souligne Cécile Lejeune à propos de la «Young», qui compte dans son portefeuille une dizaine de comptes fidèles et structurants. «S’il fallait trouver une faiblesse à l’agence, ce serait probablement une approche trop classique. L’enjeu aujourd’hui, c’est de connecter les marques à la vie des gens. C’est ce que nous nous attelons à faire», reprend cette personnalité dont l’habitude de gérer des comptes internationaux, acquise au fil d’une riche carrière (TBWA, BDDP, BBDO…), confinerait presque à une seconde nature. Et pour arriver à ses fins, celle qui fut à la tête de BBDO Turquie entre 2005 et 2008 dispose d’une feuille de route clairement définie.

Première étape: redonner vie au Brand Asset Valuator (BAV), étude mondiale née en 1993 et consacrée à plus de 50000 marques dans 54 pays. Une étude dont les résultats ont été présentés en France ce mercredi pour la première fois depuis huit ans et dont la version social listening – baptisée «BAV Social» – a parallèlement vu le jour ces derniers mois. «Ce relancement ainsi que son pendant social seront l’occasion de nourrir le travail de l’agence», appuie Cécile Lejeune. Deuxième mesure phare, la création de BAV Consulting, une «structure ad hoc composée de cinq personnes et entièrement dévolue au brand consulting» sous toutes ses formes (brand audit, brand elasticity…). Autre nouveauté, le lancement imminent d’une offre commune avec sa structure de production Ray. Dénommée «Très Content», cette offre doit permettre à Y&R Paris de démultiplier sa capacité de production autour du snackable content, avec le digital et les réseaux sociaux en vue.

La création en première ligne

Mais au-delà de ces annonces, c’est aussi dans sa manière de procéder que l’agence revoit sa copie, à l’image de l’outil propriétaire («People Journey») actuellement développé par le planning stratégique. Et comme ces mesures volontaristes ne sauraient se suffire à elles-mêmes, «des changements sont à prévoir au niveau de la création», prévient Cécile Lejeune. Une nouvelle ère dont l’arrivée récente d’un team en provenance d’Argentine constitue vraisemblablement un simple prélude. «Le marché est en pleine transformation, d’où l’envie d’essayer des choses nouvelles et de participer à ce mouvement», conclut cette proche d’Arthur Sadoun, qui pourra enfin s’appuyer sur le réseau international d’Y&R pour tenter de mener à bien ce nouveau départ.

Chiffres clés

64,5 millions. C’est, en euros, le chiffre d’affaires de Y&R Paris en 2017. Un total qui monte à 78,1 millions d’euros en incluant Red Fuse – structure créée spécialement pour accompagner Colgate – et Ray.

172 Le nombre total de salariés de l’agence si l’on y ajoute les effectifs de Ray et de Red Fuse.

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