Alternative
À l’image du modèle développé par Goodeed, le visionnage de publicités bénéficiant à des opérations humanitaires, sociales ou écologiques se démocratise. Signe que concilier intérêts public et privés n’est pas forcément une chimère.

Une idée commune pour deux trajectoires radicalement différentes. Lancées à quelques mois d’intervalle, en 2014, les plateformes Goodeed puis Anona se sont construites sur un même credo : permettre aux internautes de soutenir financièrement des actions d’intérêt public en visionnant des spots publicitaires. Le don gratuit, autrement dit. Une idée louable qui a pourtant nécessité du temps pour se faire une place. « Dans un premier temps, il a fallu convaincre les internautes, mais surtout les annonceurs et les agences de la pertinence de notre modèle en termes d’image pour les marques, dans un contexte de ras-le-bol vis-à-vis de la publicité. La première année n’a pas été facile », concède Vincent Touboul Flachaire, qui a lancé Goodeed alors qu'il était tout juste majeur. « Les agences ne comprenaient pas forcément l’intérêt de la démarche, que certaines assimilaient à une charge de travail supplémentaire », confirme Frédéric Ollier, cofondateur d’Anona. 

PQR 

À cette phase d’évangélisation succède une phase de développement. Et qui dit développement dit financement. Alors que Goodeed réussit à lever 500 000 dollars auprès d'investisseurs franco-américains en février 2015, Anona doit se contenter de 100 000 euros début 2016. Dans les deux cas, les ressources servent à mettre en place les outils nécessaires à la structuration de l’activité. En l’occurrence, un site web revisité ainsi qu’une application mobile pour Goodeed tandis qu’Anona opte en sus pour une technologie permettant d’insérer son produit - un bouton spécifique - sur les sites partenaires. « L’idée était de chercher les utilisateurs là où ils sont, notamment sur les sites des titres de presse quotidienne régionale qui ont figuré parmi les premiers à nous faire confiance, à l’instar d’Ouest France », détaille Frédéric Ollier.

Un milieu publicitaire fermé

Une stratégie insuffisante puisque l’aventure Anona, malgré des campagnes pour le compte de marques comme Unilever ou le Crédit Mutuel - ayant permis de financer une quinzaine de projets caritatifs à hauteur de 15 000 euros - se termine brutalement début 2018, faute de fonds. « Fin 2017, nous avions résolu le problème de l’audience avec une présence sur près de 100 millions de pages. Mais nous n’avons pas réussi à avoir des annonceurs assez régulièrement », regrette Frédéric Ollier, qui pointe aussi « un milieu publicitaire très fermé ». À l’inverse, Goodeed prend son envol, une réussite que son jeune président-fondateur attribue en partie à la chasse permanente aux marques et aux agences menée de front par ses commerciaux. « Nous travaillons désormais avec plus de 70 associations et ONG mais nous ne finançons que des projets concrets par souci de transparence », précise-t-il, ajoutant que la société examine les campagnes « au cas par cas plutôt que de s’interdire de travailler avec certaines marques ».

À la clé, une réussite telle que Goodeed, qui a déjà collaboré avec plus de 100 marques (L’Oréal, Coca-Cola…) et qui affiche des « taux de clic de 4 à 5 % » - largement supérieurs à la moyenne du marché -, vient d’être racheté par La Banque Postale et Kiss Kiss Bank Bank. Objectif affiché : « devenir la première plateforme de dons en France ». Preuve, s’il le fallait, qu’un modèle publicitaire plus solidaire peut exister.

Chiffres clés

 

500 000 En euros, la somme reversée depuis son lancement par Goodeed en faveur de projets humanitaires, sociaux ou écologiques pour le compte d’associations comme Handicap International, Enfants du Mékong ou encore WeForest.



250 000 Le nombre de donateurs sur la plateforme Goodeed, dont 70 % âgés entre 15 et 35 ans.

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