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Stratégies a passé une journée avec Pascal Nessim, coprésident de Marcel. Immersion.

9h15. Café Carette, place du Trocadéro. Pascal Nessim est en avance. Assis devant un café noir, regard vissé à son smartphone, lunettes aviateur sur la tête, il arbore un bronzage impeccable qui cacherait presque ses traits tirés par la fatigue. Souriant, il lance d'emblée en forme d'introduction à cette journée «sous observation»: «À l'agence, il y a un véritable esprit familial. Je tente chaque jour de faire un tour complet pour que chaque collaborateur me voie ou croise mon regard et ne se sente pas seul dans son coin. Je repère mieux comment chacun travaille et si certains semblent dépassés ou perdus.» Pascal Nessim attend une vieille connaissance, Ghislain Faribeault, directeur du service vidéo de France Télévisions, qui, dans une vie antérieure, travaillait chez Marc Dorcel. Avant d'aborder les choses sérieuses, la conversation passe des sex-toys à Delphine Ernotte en passant par le reportage d’Élise Lucet sur Ikea, diffusé la veille.

 
9h50. Départ pour l’agence sur un scooter qui affiche de nombreux kilomètres au compteur… Au 133, le bureau qu’il partage avec Charles Georges-Picot est spacieux, composé de deux grandes tables où s’entassent des papiers en tous genres, d'un énorme canapé «purple » version Prince, d'une table basse et d'un meuble de rangement où trônent des dizaines de trophées. Mais pas un seul stylo. Vue sur l'Arc de triomphe. Of course.
 
10h30. Pascal Nessim avait prévenu: «La moyenne d’âge de l’agence est de 32 ans, bien plus jeune que toutes les autres agences du groupe.» Dans la salle de réunion, l’équipe ne dépasse guère les 22 ans. Tous les community managers sont assis et exposent tour à tour les sujets qui vont animer la semaine pour leurs clients. L’ambiance est détendue mais studieuse. Celui dont tous attendent l’aval acquiesce avec un laconique «OK» ou se fend d’une remarque du style «il faut améliorer ceci», «ne pas se contenter de cela»... Concis, rapide.
 
11h. Les réunions, les sujets et les interlocuteurs se succèdent. Écolo convaincu, Pascal Nessim prend systématiquement soin d’éteindre le chauffage que d’autres s’obstinent à rallumer. On planche justement sur une opération autour de la consommation responsable, avec à l’appui l'étude détaillée d’une campagne concurrente. Le coprésident, qui joue frénétiquement avec une touillette à café, jette un œil aux visuels étalés sur une table orange... et valide. «Chez Marcel, il y a des commerciaux créatifs, des développeurs créatifs, des stagiaires créatifs et des créatifs créatifs. Quand je suis sur un pitch et qu’il manque un petit quelque chose, j’envoie un mail à toute l’agence avec le brief et je leur demande de balancer des idées.» Malgré un air parfois sévère, il y a quelque chose d’enfantin chez Pascal Nessim… le regard pétillant, la posture qui se relâche les heures passant, jambes sur un accoudoir, baskets branchées se balançant dans l’air, le rire franc, le pas comme sur ressorts, les sucreries avalées à la chaîne…

 
12h15. Neuf personnes sont entassées dans 9m2, certains assis par terre, d’autres debout, réfléchissant à la stratégie à adopter pour une compétition en cours. Coûts, impact, médias... tout est passé au crible alors que Pascal Nessim est assis à un bureau, pieds sur la table, smartphone à la main, occupé à prendre en photo –discrètement croit-il– la journaliste qui l’accompagne, semblant déconnecté des discussions en cours. Pourtant, chaque fois qu’il lève la tête, il fait une blague à-propos, pose la question «qui tue» ou lance la sentence qui clôt le débat. Au Casa Luca pour le déjeuner, à deux pas de l'agence, la discussion porte sur un sujet brûlant: la succession de Maurice Lévy. «Il parait qu’une fois à la retraite, Marcel Bleustein-Blanchet écoutait aux portes des réunions…»
 
15h. Marcel veut repenser son espace suite au déménagement avorté à Bastille. Ça parle bureaux, chaises et cloisons, mais c’est surtout l'occasion pour se renseigner sur le moral des troupes. Les partants, les arrivants, les mésententes entre untel et untel. Le dirigeant connaît tous ses collaborateurs, leurs petits comme leurs plus gros soucis. S’enchaîne un point avec une account director et une jeune alternante dont les mains tremblantes et le regard mal assuré trahissent le stress.
 
17h. Après un passage express dans un open space, où sont entassées les sucreries de la vidéo des vœux de Publicis Groupe, et un point sur une compétition, Pascal Nessim réussit à trouver deux minutes pour se poser à son bureau et consulter ses mails. Anne de Maupeou régle un dernier dossier avec lui. «Anne est très exigente et parfois dure mais elle est vraiment géniale. Nous nous sommes bien trouvés. Nous pensons tous les deux que la communication doit inciter les gens à consommer responsable.» Charles Georges-Picot passe en coup de vent: «Bienvenue dans notre vie de malades mentaux!»
 
18h. Départ pour les locaux de Google où rendez-vous est pris avec Vanessa Vankemmel Sebban du You Tube Lab. «Pour un patron d’agence, rester dans le coup est primordial. C’est pour ça que j’entretiens des relations étroites avec les réseaux sociaux.» La journée se termine sur un apéro avec Quentin Delobelle, directeur communication commerciale et création Orange. On y évoque entre autres les enjeux de l'élection présidentielle... Un pot avec l'équipe Oasis et le client mettra fin, vers 22h, à cette longue journée. Au final, 13 rendez-vous, 6 trajets en scooter, quelques pauses clope, pas mal de cafés, et pas une minute de retard.

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