Talent à suivre
Crayons à la main, Yann Bagot, Kevin Lucbert et Nathanaël Mikles, qui forment le collectif Ensaders, revisitent la société à travers des œuvres engagées et ludiques.

À mi-chemin entre Tintin et Où est Charlie?, l’univers du collectif d'artistes Ensaders grouille de petits personnages loufoques, surréalistes et colorés. Yann Bagot, Kevin Lucbert et Nathanaël Mikles se sont rencontrés sur les bancs de l’École nationale supérieure des arts décoratifs, dont ils sont sortis diplômés en 2008. Si les institutions artistiques ont tendance à privilégier l’individu au collectif, les fraîchement diplômés ont vite eu envie de travailler ensemble. Pas juste parce que ça sort du cadre, mais parce qu’être trois insuffle une énergie, une émulation et un échange permanent, confie le trio.

Ainsi, chaque matin, nos trois compères cherchent un thème de société qui les inspire et se mettent au travail en se donnant un temps limité. Ensemble, en même temps et sur la même feuille. Tout au long du procédé, ils discutent et partagent leurs impressions sur les dessins des autres. Enfin, en principe, parce que si Yann Bagot et Nathanaël Mikles griffonnent au quotidien dans leur atelier à Paris, Kevin Lucbert a élu domicile à Berlin. Ce à quoi les deux autres répondent: «Quand il ne peut pas être là, on échange des mails. Tout le temps. Et on s’envoie des œuvres qu’on complète chacun notre tour.»

Nature et mythologie

Chacune de leurs créations se veut unique –même s’ils le concèdent, certains personnages ont tendance à réapparaître– et en résonnance avec la précédente, alternant univers plutôt sombres avec des «tas de petites fleurs». Le trio fait se rencontrer nature et mythologie dans un joyeux mélange anachronique, souvent engagé, défendant l’environnement, dénonçant une société de consommation où le selfie est roi et la malbouffe envahissante. C’est pour cette raison que les artistes choisissent leurs collaborations pour qu’elles «contredisent le moins possible leur carton», autrement dit l’ensemble de leurs œuvres.

Malgré tout, ils n’ont pas de mal à se diversifier. Entre deux ateliers pour les enfants et les plus grands, ils ont réalisé des performances pendant des concerts, taggué les vitrines des magasins pour la Fête des vendanges de Bagneux, customisé des meubles pour des associations et plus récemment, ont fait une fresque de 100 m² pour annoncer l’ouverture du bar l’Atalante face au canal de l’Ourq. Les marques les connaissent aussi, Posca, Canal+ et Pitch ont fait appel à leur coup de crayon. Et quand on leur demande comment ils envisagent l’avenir: «En huit ans, on n’a jamais eu à prendre d’autre job, donc on n’est pas franchement stressé par le lendemain»… C'est ça la vie d’artiste!

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